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Samedi 16 septembre 2017
Je vous parle d’un temps que des moins de vingt ans connaissent. Des moins de vingt ans qui ont grandi dans des quartiers relevant de l’Education Prioritaire. Politique qui, depuis trente-six ans déclare « donner plus à ceux qui ont moins ». Politique bardée d’autant d’acronymes que l’habit doré de la République a de reflets.
Je vous parle d’un temps où les classes ne dépassaient guère vingt enfants, où les réseaux d’aide étaient encore complets, où la scolarisation des moins de trois ans constituait une priorité, où les projets culturels ne butaient pas sur des contingences budgétaires ou des réticences politiciennes.
Je vous parle d’un temps où existait -peu ou prou- une mixité sociale.
Je vous parle d’un temps encore moins lointain où intervenaient des enseignants-es supplémentaires. Un temps que les moins de huit ou neuf ans ont connu. Un temps quasi-révolu.
Je vous parle d’aujourd’hui, de cette rentrée sur ces territoires labellisés REP+ où les CP sont dédoublés. Douze enfants. Pas un de plus. Le temps d’un polaroïd pour la com, l’opinion est ses panels. Et dans quelques semaines, quand les classes pourront monter à treize ou quatorze, nos hiérarques feront-ils un selfy?
Je vous parle de la ronde des sinistres de l’Education Nationale -quinze en neuf ans- qui s’autorisent à défaire ce que leur prédécesseur a fait. Je vous parle de discontinuité programmée, de cahiers des charges, d’indicateurs, de tableaux de bord, d’évaluations numériques à la gomme, de rentrée en musique, d’incantations, voire parfois de pression. Le temps d’un quinquennat.
Mais je veux parler de ce que je vois, de ce que vous voyez, de ce que nous vivons tous les jours. De ces petites choses qui rendent le turbin imprévisible et humain dans nos écoles.
La vraie vie, quoi !
Zirteq