Un chat est un chat,
30 avril 2017
Pus d’une semaine s’est écoulée. Je me réveille les pieds dans l’eau. Ma machine à laver Whirlpool a inondé l’appartement. Même pas un an d’âge. Je fouille les tiroirs du buffet en formica pour trouver la garantie. J’allume la téloche pour foutre BFM et je tombe sur un zapping où la candidate du FN, promet à de futurs licenciés une nationalisation hypothétique, sous les hourras de sympathisants énamourés, avides d’un selfie qu’ils pourront montrer à leur entourage le soir même devant un gratin d’endives, un litron et un reste de maroilles (bonjour les clichés !). Zapping où Emmanuel « en marche » Macron se démène devant d’autres futurs licenciés pour leur dire qu’il ne fait -lui- aucune promesse. Zapping où les caciques de différents partis ou tendances se positionnent plus ou moins clairement pour le 2ème tour, zapping où défilent les déclarations, communiqués de presse de gens, de syndicats plus ou moins importants appelant à faire barrage ou pas ou plus si pas d’affinités du tout. Zapping où cet enfoiré de Dupont-Aignan se rêve premier ministre du gouvernement.
Zapping où le « leader maximo » de millions d’insoumis-es -à moins qu’il ne s’agisse d’un hologramme- confirme qu’il ne votera pas pour celle dont je ne prononcerai pas le nom ni même les initiales (quelle intolérance!). Un putain de suspense de 5 jours pour accoucher d’une putain de prise de position sur « satéléyoutube ».
« Les temps changent » aurait fredonné le récent prix Nobel de littérature.
Tandis que j’éponge à l’arrache le carrelage en maudissant Whirlpool, me saisit à l’oesophage une question existentielle: « Dimanche 7, dans le silence inquiétant et la semi-pénombre brun marine d’un des isoloirs du bureau de vote de l’école encore publique de mon quartier, sise à deux pâtés (de campagne) de mon domicile quasi cossu où j’aime me repasser sur un Teppaz d’époque, les refrains immortels de Stone et Charden alors qu’une volée de ptérodactyles s’engouffre dans un soupirail, je me dirai-je : pour qui vais-je voter ? »
Illico, j’utilise tous les moyens de communication dont j’ai le secret afin de sonder proches, relations, camarades qui constitueraient un panel significatif susceptible d’apaiser mon angoisse : méls, twitter, skype, snapchat, instagram, facebook, whatsapp, vibe, SMS, pigeon… L’avalanche de réponses « Ni-Ni, faire barrage (option 1), faire barrage dans les unes (option 2), faire barrage dans les urnes et les rues (option premium), faire péter un barrage (option 4), attendre le 3ème tour, ne pas commettre une terrible erreur politique, préparer la grève générale le 8 et ainsi que toutes celles qui s’ensuivront, sus au suppôt du Médef !, quitter le pays… inonde mes messageries. Tandis que j’éponge à l’arrache mon front rincé comme un burnous, j’en tire une conclusion douloureuse: « J’irai voterai Macron».
Faut bien appeler un chat un chat.
Zirteq