C’est l’printemps
21 avril 2017
C’est l’printemps ! Saison allergisante s’il en est. Saison électorale itou où l’envie ne manque pas de se faire désensibiliser devant les défilés des barnums petits et grands sillonnant notre pays avec leurs Mesdames et Messieurs plus ou moins déloyaux qui éternuent leur programme.
C’est l’printemps ! Les candidats-es passent leurs oraux dans tous les studios d’examen possibles. Après un débat à onze, début avril, le système médiatico-politique privilégie depuis une démocratie de pupitre, individuelle où les dérapages sont contrôlés et les saillies (mon ami Jean en avait plus de deux) moins risquées. La forme d’abord et avant tout. Quant au fond, z’avez qu’à cliquer sur les réseaux ou vous fader la presse écrite (mais qui a encore les moyens, le temps, les opportunités, d’épluchercette dite presse?). Ou alors, bien enfoncer le bras dans la boîte aux lettres pour dénicher la plaquette, le tract, le flyer concis qui arrondira vos inquiétudes.
C’est l’printemps ! Les médias scoopoïdes préparent les curées,les canards se déchaînent et les instituts sondagiers surfent sur l’insondable indécision des citoyens. Il est J –2, la Gaule s’éveille (comme le claironne mon pote Rocco dès qu’une affriolante Marianne traverse son champ de vision).
C’est l’printemps ! Tel un phénix asthmatiforme qui renaîtrait de ses pollens, je sors d’un sommeil de plusieurs années pour annoncer,chers éventuels nostalgiques de cette chronique absconse,que je mets en vente sur Leboncoin, tous mes t-shirts rouges floqués – au fil du temps, des luttes et des lendemains- d’un mot ou d’un slogan rageurs : « Motivé !Indignez-vous ! Dégage pauv’c.. ! Désobéisseur ! Lanceur d’alerte ! Énervé ! Agité ! Insurgé ! Révolté ! Anonymous ! Génération précaire ! Stagiaire en colère ! Occupy Monoprix ! Frondeur ! Zadiste ! Arabe printanier ! Révolutionnaire ! Debout que la nuit !Ensemble ! Dégage toi-même !Insoumis !…
C’est l’printemps ! Pour la modique somme de dix euros l’unité(taille L), je solde donc ma garde-robe d’engagé du burnous qui en a sué sur tous les fronts. Et ça marche : très vite, j’ai eu des appels d’arrimés, d’indécrottables, de déjantés régressifs qui voulaient savoir si j’avais d’autres couleurs, si j’avais des versions islandaise ou turkmène. J’ai même eu la dircab de Môssieur Pinault himself qui souhaite monter une expo sur la subversion dans notre société post quelque chose, dans leur Fondation, rue de Viarmes. Le délire.
C’est l’printemps ! Maintenant que ma collection 100 %coton se dissémine aux quatre coins pardinaux, me saisit à la trachée une question existentielle: « Dimanche, dans le silence feutré et la semi-pénombre brunâtre d’un des isoloirs du bureau de vote de l’école publique de mon quartier, sise à deux pâtés (et trois avers) de mon domicile quasi cossu où j’aime me repasser sur un Teppaz d’époque, les songs de Sixto Rodriguez alors qu’une volée de rouges-gorges s’engouffre dans un soupirail, pour qui vais-je voter ? »
Si j’écarte, cela va de soi, tous les extrêmes de la droite et du centre. Si j’élimine les petits candidats plus ou moins folkloriques qui ne seront point remboursés de leurs frais campagnards. Si je renvoie dans les cordes sociales-démocrates, l’ex-frondeur qui se fera aplatir par les pachydermes d’un parti mort à la lisière des législatives, ne me restent qu’un« Chavez » insoumis (n’est-ce pas un pléonasme ?) et un« mégaphone »ambulant, attachant et logorrhéique col bleu chez Ford. Je dois l’avouer, mon côté« ouvriériste »attardé d’une partet les déclarations pour le moins équivoques surl’Europe, laSyrie, Poutine de l’ancien ministre socialo d’autre part, me font pencher pour le second. C’est sûr,« ça ne va pas dans lesens d’une dynamique », me rétorquent certains détracteurs et autres bulldozers idéologiques.
Nonobstant,c’est l’printemps, re-nonobstant, c’est presque mai être-re-nonobstant, j’ai vraiment envie de faire -presque- ce qu’il me plaît.
Zirteq