Dimanche 7 mai 2017
Vingt heures pétantes.Tandis que mon chat roux miaule à la proclamation des résultats du 2nd tour des présidentielles, me reviennent quelques images fortes : les bras ouverts de Marine comme un entonnoir à voix dans chacun de ses meetings, le débat d’entre-deux tours où émergèrent ses incompétences d’extrême-mal à droite, où suinta de sa bouche sans lèvres une agressivité de bête immonde congénitale et où la France découvrit l’espace de quelques secondes ses yeux bleu noir injectés de haine.
Vingt heures et quelques. C’est fait, la messe est dite, elle ne flirtera même pas avec les 40 %. Les chiffres, désormais, ne pourront que s’affiner et changer à la marge. Pour autant, c’est cette notion de marge qui m’interpelle. Elle s’est considérablement réduite depuis quinze ans. Depuis ce million et demi de Français descendus dans les rues pour manifester leur rejet du F-Haine.
Combien étions-nous ce 1er mai 2017 ? Dix fois moins. Une peau de chagrin.
Tandis que mon poisson rouge baptisé Trotsky déprime dans le tambour de la machine à laver Whirlpool, tandis que le plus jeune président de la Vème République est en marche vers son destin dans une cour du Louvre où la pyramide de verre d’un artiste chinois mondialisé le contemple, tandis que les leaders des partis traditionnels profitent d’un court temps d’antenne pour essayer de se racheter une virginité en se projetant sur les législatives des 11 et 18 juin, je me dis :
« Tout fout l’camp ! La vie politique n’est plus ce qu’elle était mais le renouvellement n’est-il que passager ? L’insoumission perpétuelle conduira-elle à un dogme ? Que signifie « nouvelle gauche, gauche unie, gauche debout … ? Que répondre, que faire avec les onze millions de gens (ou tout au moins une partie d’entre eux) qui ont voté Le Pen ? Que floquer sur mon prochain T-shirt rouge ? »
Mais bon, je laisse en stand-by ces questionnements, j’ai juste envie -là- de savourer la défaite de la candidate de la peur de l’Autre. J’ai juste envie de citer un extrait du court livre d’Umberto Eco « Reconnaître le fascisme » :
« […]L’UR-fascisme* est susceptible de revenir sous les apparences les plus innocentes. Notre devoir est de le démasquer, de montrer du doigt chacune de ses nouvelles formes -chaque jour dans chaque partie du monde ».
Zirteq
* c’est-à-dire le fascisme primitif et éternel