Cher Jean-Luc,
samedi 20 mai 2017
Cher Jean-Luc,
je suis né en 1971, année de la fusion d’Hénin-Liétard et de Beaumont-en-Artois. J’ai grandi -tu dois connaître, vu qu’y a cinq tu t’étais présenté à la députation chez nous- dans le quartier Nord-Ouest délimité par la rocade minière, le boulevard Salvador-Allende et la rue du Maréchal-Juin.
Cher Jean-Luc, je me souviens de ta campagne en 2012, tu avais voulu mettre à profit le capital politique emmagasiné durant la campagne présidentielle pour construire une nouvelle force politique à gauche. Tu voulais prendre la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, où se trouve notre ville, où le Parti communiste et celui qui devait en être le candidat se sont mis à ta disposition. Impossible que Marine Le Pen puisse représenter la « vieille terre ouvrière ». Mais tu l’avais dit, Jean-Luc, le Parti socialiste décrépi, incapable ne pouvait faire barrage aux idées brunes. Alors que toi.
T’as fait une belle campagne, Jean-Luc, comme tu sais les faire, tribun, charismatique, pugnace mais très vite, sur les tables en formica des bureaux de vote, les bulletins s’amoncelèrent… hélas pas pour toi et tes amis. La tuile. Pas de second tour. On a attendu ta déclaration, Jean-Luc, de ton QG. On a respecté ton silence Jean-Luc puis on t’a regardé te hisser sur la plate-forme d’un camion, déception, désarroi dans la voix qu’une pluie drue finit d’éteindre. Ton suppléant évoqua les tracts anonymes qui avaient terni l’image du Front de Gauche. Ta déclaration fut brève et puis t’es reparti, Jean-Luc et on t’a plus revu cité-jardin Foch, dans les rues proches de la gare ou de l’église Saint-Martin ou plus simplement dans un troquet pour partager une pression, pour refaire un bout du monde, nous perfuser un peu de tes mots, tes idées, ta culture.
Aujourd’hui, t’as choisi une autre ville pour représenter le peuple, sous une autre bannière de gauche, « la France Insoumise ». Mais ne l’étions-nous déjà pas « Insoumis » il y a cinq ans ? Et cette insoumission-là, ton insoumission cible désormais le parti socialiste, qu’il « faut remplacer ». Tu te présentes dans une circonscription de la 2ème métropole de France contre un cacique du parti du système. Les temps changent Jean-Luc et pour paraphraser Simone Signoret « La nostalgie n’est plus ce qu ‘elle était ». Je regrette ce choix. Profondément. Mais j’ai perdu mes illusions et manaïveté d’adulescent quand tu n’as pas appelé à voter clairement contre MLP, assis dans ton faux salon youtubé.
Putain, ça aurait eu de la gueule que tu reviennes, que vous reveniez toi et les tiens dannotre commune métastasée par la misère, le chômage, la désespérance et l’oubli ! Putain, ça aurait eu de la gueule que tu eus ce courage avant de profiter de tes rentes et d’une retraite politique méritée à sillonner les musées du monde entier, à t’esbaudir devant la beauté de mausolées révolutionnaires.
A trois semaines des législatives, je cuve mon amertume, Jean-Luc, en rotant des brunes au goulot et en savourant sur mon Teppaz, « Résidents de la République » de Bashung.
Zirteq