Youpi ! On a trouvé
une nouvelle maladie.
On a surtout
trouvé un nouveau débouché pour
l’industrie pharmaceutique… Au mois de février
dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu
publique des recommandations pour le moins troublantes…
En effet, sans aller jusqu’à
définir le TADH, [1], comme une simple
maladie, elle a reconnu que ce TADH était en tout cas
« traitable » grâce
à un médicament, le
méthylphénidate ou MPH (Ritaline© ou
Focalin©). Pour la première fois dans
l’histoire du soin, on découvre des
symptômes concomitants qui ne sont pas une maladie mais qui
se soigneraient par une prescription médicale… On croit
rêver !
C’est l’aboutissement
d’une recherche incessante du traitement de la difficulté
scolaire et du comportement par la médicalisation
à outrance. C’est la poursuite permanente du
renforcement de l’entrée médicale dans
la pédagogie et dans la prise en charge des
élèves en difficulté. Ce qui est
dingue dans cette affaire (largement passée sous silence
d’ailleurs), c’est qu’aucune
étude sérieuse n’appuie ce recours au
MPH et démontre ses bienfaits. Les seuls chiffres en notre
possession pour réfléchir à cette
connexion troubles-médication, ce sont ceux en provenance
des États-Unis où désormais plus de
11 % des enfants sont sous MPH, médicament puissant
de la classe des amphétamines… Ça fait froid
dans le dos !
En somme, le TADH n’est pas une maladie,
mais un simple objet encore mal identifié à qui
on donne aujourd’hui une existence formelle grâce
au MPH. C’est donc le produit qui définit la
maladie. Surtout, quel impact aura cette décision
auprès des familles et des professionnels de
santé et de pédopsychiatrie ?
C’est une machine infernale qui a
été lancée et les
répercussions seront terribles dans le traitement de la
difficulté. Combien d’enfants seront
traités sans qu’aucune approche
pédagogique ou psychologique ne soit
menée ? Il est à parier qu’il
sera plus facile pour certain-e-s de se réfugier
derrière le traitement.
Ce qui est sûr, c’est que dans
cette affaire, tout le monde n’est pas perdant.
L’industrie pharmaceutique en rêvait,
l’HAS l’a exhaussé !
Jérôme SINOT
[1] appellation
du trouble du déficit de l’attention –
hyperactivité