Vous reprendrez bien un peu de dictée ?
S’appuyant sur une énième étude publiée en décembre par le ministère, qui pointe le niveau inquiétant des élèves de CM2 en orthographe, Monsieur Pap Ndiaye s’est empressé de déclarer que la responsabilité des enseignants en la matière n’était pas mise en cause, mais que les programmes étaient au cœur de cette problématique.
Face à ce constat d’échec, quoi de plus efficace que faire du neuf avec du vieux en conseillant une plage quotidienne consacrée à la dictée ? En alimentant ainsi le mythe de la dictée à l’école, le Ministre s’adresse davantage à l’opinion publique qu’aux enseignant-e-s car, soyons sérieux, les professeur⋅es n’ont pas attendu Monsieur le Ministre avec ses remèdes miracles pour faire travailler leurs élèves en orthographe ! Et force est en outre de constater que, de l’avis de nombreux spécialistes, la dictée seule n’est pas garante de progrès notables en orthographe, si elle n’est pas intégrée dans un contexte plus large d’étude de la langue et d’écriture.
En mathématiques également, l’importance du quart d’heure quotidien de calcul mental est rappelé, alors que cela est déjà intégré dans les pratiques de tous-tes les enseignant-e-s depuis belle lurette…
En appelant ainsi à renforcer les fondamentaux, Monsieur Pap Ndiaye s’inscrit dans la pure lignée de ses prédécesseurs. La France n’est-elle pas toutefois la championne d’Europe des horaires de français (et de maths) à l’école ? L’incitation à se recentrer sur les fondamentaux était déjà bien présente sous le quinquennat précédent et pourtant, on ne peut pas dire que les résultats soient véritablement au rendez-vous.
Alors à qui la faute ?
Il serait bon de regarder davantage du côté des classes surchargées, des inégalités sociales, des suppressions de postes, bref d’un manque de moyens aggravé qui laisse tout notre système éducatif exsangue.
Mais il faudrait aussi arrêter de faire des effets de manchettes qui ne sont rien de moins que des cache-misère!!!