Un gouvernement cerné par des murs ?
De P. Gromann
Je lisais récemment un article intitulé « Le « tout va bien » de Jean Michel Blanquer nous envoie dans le mur. »1 daté du 1er avril, soit le lendemain des annonces du Président de la République. Visionnaire ? Assurément. A la CGT, lit-on dans les boules de cristal, les lignes de la main, les pendules, le marc de café ? Pas du tout. C’est que notre ministre et son gouvernement semblent vivre dans un cube. D’un mur à l’autre, il n’y a qu’un pas, quelle que soit la direction. Du mur sanitaire, on passe donc au mur numérique.
A l’orée du troisième confinement, chaque personnel de direction avait une interprétation différente. Ici « une visioconférence par classe et par semaine », c’est à dire environ 18h de visioconférence dans la semaine, là quelque-chose d’un peu plus réaliste et supportable pour les élèves comme pour les enseignants. A chacun son anecdote, car où qu’on soit dans l’Éducation Nationale, la réalité du terrain est toujours différente, mais on va toujours dans la même direction : le mur.
Mardi 06 avril, c’était le mur du fond : la saturation des Environnements Numériques de Travail, les plateformes de visioconférence qui plantaient, et J.M. Blanquer nous racontait cette histoire d’attaques répétées en direction du CNED. A l’heure où j’écris, il n’y a ni coupable, ni mobile. On a bien pensé à des élèves hackers dotés d’une conscience politique affûtée, mais on attend toujours leurs revendications. Le plus probable serait une attaque des russes. On commence à avoir l’habitude : c’est pratique, c’est Poutine. L’OTAN mène l’enquête. De mon côté, je fais confiance à des voisins, un couple d’informaticiens : « si ça avait été un piratage, ça n’aurait pas pu rentrer dans l’ordre aussi vite. Si c’était une saturation des plateformes, c’est incroyable que l’Éducation Nationale ne soit pas capable d’anticiper ça ! » Chacun se fera son idée. Mais en l’absence de mobile, il semble que l’impréparation – voire l’incompétence – est une hypothèse qu’on ne peut totalement écarter.
L’histoire pourrait être drôle si cela n’ajoutait pas du stress et de la désorganisation à des citoyens déjà sérieusement émoussés par un an d’épidémie. Tout le monde peut faire confiance au gouvernement : la mauvaise gestion des services hospitaliers et la non-reconnaissance et le non-recrutement des personnels, la non-gestion des masques, l’organisation catastrophique de la vaccination, la soit-disant continuité pédagogique, tout est « un mur » pour nos gouvernants. On pourrait ajouter la loi Climat en cours de discussion. En tout cas, quand le gouvernement remettra sur la table le projet de réforme des retraites, quand il nous dira « tout ira bien », on saura où ils nous emmène : dans le mur.