Tribune
RECRUTEMENT DES ENSEIGNANT·ES, une catastrophe annoncée depuis 2017 mais dont personne n’a tenu compte.
À Paris, en ce printemps 2022, 83% des inscrit·es au CRPE (Concours de Recrutement des Professeur·es des Écoles) ne se sont pas présenté·es à la première série d’épreuves du concours. Une paille ! Dans l’Académie-capitale – dont l’ex-ministre et le recteur se targuent d’en vouloir faire la « vitrine de l’École française » – le nombre d’admissibles (180) est, pour la première fois, inférieur au nombre de postes mis au concours (202) !
Chaque année, le nombre de postes au concours est déjà insuffisant pour les besoins recensés par l’Académie elle-même, pour pallier les démissions en augmentation, les congés longs ou de maternité non anticipés, etc. On pioche donc sur la liste complémentaire, celle des personnes qui ont échoué, de peu, au concours. Avec le concours 2022, ce ne sera pas possible. Non seulement il n’y aura pas de liste complémentaire, mais le nombre si faible de candidat·es oblige à donner le concours, à supposer que toutes et tous se présentent aux épreuves d’admission – ce qui n’est jamais le cas, car on peut s’être inscrit à différents concours ou avoir eu entre temps d’autres opportunités professionnelles.
Outre faire face à un concours dévalorisé, il va falloir, dès avant la rentrée, recruter massivement des contractuel·les, ce qu’on pensait jusqu’alors réservé à des départements déficitaires car jugés peu attractifs et quasiment impossibles à quitter, comme la Seine-Saint-Denis.
Ajoutons que ce tableau touche aussi de nombreuses disciplines du second degré qui voient fondre le nombre de postulant·es au CAPES (816 admissibles en mathématiques sur les 1035 postes au concours, moins de la moitié des admissibles en 2021) et même à l’Agrégation.
Merci la macronie, son mépris affiché à l’égard des professeur·es, que ce soit par les interventions ignobles de ses représentant·es dans les médias à l’égard de professionnel·les accusé.e.s de wokisme, d’islamo-gauchisme, de fainéantise et j’en passe, mais aussi par l’absence de revalorisation des salaires. Merci aussi la macronie pour sa casse du service public d’éducation, ses préconisations absurdes, son oreille et son action sensible aux lobbies du libéralisme et de l’extrême droite, sa gestion calamiteuse pour les écoles de la crise sanitaire. À ces affligeants constats s’ajoutent une formation mise à mal quand elle n’est hors-sol, une mobilité rendue impossible, un métier usant qui voit pourtant reculer sans cesse l’âge de départ à la retraite, etc. Tout cela a fini de détourner la jeunesse d’un des plus beaux métiers du monde.
C’est pour cela que la CGT Educ’action ne cessera de réclamer un plan d’urgence et la création massive de postes d’enseignant.es, de CPE, d’AED, d’AESH, de PsyEN, de RASED, de personnels administratifs, techniques, santé et sociaux dans les écoles, les établissements et les services. C’est toute la question de la politique salariale, des conditions de travail et de la mobilité permettant de rendre les métiers attractifs qui est en jeu.