L’AMI de l’Éducation Nationale, un vrai “faux ami”
De la part de collègues enseignants du public indignés et en colère qui souhaitent partager le plus largement possible…
L’AMI de l’Education Nationale, un vrai “faux ami” : 250 millions d’euros pour accroître les inégalités.
L’Éducation Nationale lance un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) financé à 250 millions d’euros pour promouvoir des projets scolaires innovants : Une idée faussement généreuse qui fait scandale et soulève une protestation parmi les enseignants investis dans une mission de service public.
Des enseignants du public en colère quittent une réunion qui promettait pourtant une somme alléchante pour leurs classes:
Mardi 24 mai, était organisée à Eurre une présentation du projet AMI, visant à “réinventer la forme scolaire et transformer l’enseignement”.
L’association Biovallée et le réseau Territoire Apprenant, à l’origine de cette rencontre avaient lancé des invitations à faire circuler aux professionnels de l’Education qui avaient envie de changer des choses dans leurs pratiques, ou qui avaient déjà des pratiques innovantes.
Les subventions proviennent de fonds publics avec possibilité d’un co-financement venant de fonds privés.
Ont répondu présents une quarantaine de personnes (des enseignants des établissements des premiers et seconds degrés privés hors ou sous contrat, des enseignants des établissements publics, des représentants du syndicat et d’associations, des parents d’élèves, une conseillère pédagogique…)
Ce projet annoncé comme innovant vise à transformer l’enseignement scolaire, avec une volonté de : développer la coopération, végétaliser les écoles, encourager l’inclusion, favoriser un bon climat scolaire, valoriser les compétences orales des élèves etc etc…
Alors pourquoi s’indigner d’un si beau programme, financé pour moitié par des fonds publics?
En réalité, cette énumération d’attendus ne parait pas de première jeunesse puisqu’elle répète précisément les missions spécifiques de l’Éducation Nationale. Et c’est là que le bât blesse…
Cet argent alloué par le Ministère de l’Éducation National ne devrait-il pas servir à l’accomplissement des missions qui lui sont déjà confiées ?
En ce qui concerne les établissements publics, on constate (comme actuellement sur le territoire de la vallée de la Drôme) des effectifs trop chargés, des enseignants spécialisés manquants, l’absence de psychologue scolaire une médecine scolaire insuffisante, un remplacement mis à mal, une formation initiale et continue insuffisante, un manque de formation des AESH…
Si l’État lance un projet appelant les enseignants à “manifester un intérêt” n’est-ce pas considérer, que de manière générale, ces derniers manquent d’intérêt pour remplir leurs missions ?
Cela revient à ne pas reconnaitre l’innovation existante à l’intérieur des écoles publiques.
Pourtant, on trouve de nombreux enseignants innovants, développant déjà tout ce qui est mis en avant par ce projet malgré le manque criant de moyen.
Des associations reconnues par l’Education Nationale œuvrent aussi dans ce sens mais voient leurs subventions baisser d’année en année.
L’État dénigre ses agents, pire encore il les place en concurrence alors que tous les élèves doivent pouvoir bénéficier d’une école garantissant de meilleurs apprentissages.
Dans les faits, cet AMI profitera surtout aux établissements privés qui étaient les seuls officiellement invités. Il est essentiel de rappeler qu’aucun établissement public n’a été contacté par les canaux internes à l’Éducation Nationale pour participer à cette réunion d’information.
Sous couvert de réformes « nécessaires » de l’enseignement, le gouvernement Blanquer a trouvé un moyen détourné pour privatiser l’école et allouer des subventions au mérite en se moquant bien d’accroitre les inégalités en milieu scolaire. Un beau tour de magie ou d’illusion pour mettre en concurrence purement et simplement les établissements et exacerber les inégalités déjà présentes.
Les enseignants s’indignent et demandent à ce que l’argent public profite au service public, qu’un égal accès à la meilleure éducation soit défendu partout. Ils revendiquent un service public ambitieux et réaliste, de qualité démocratique pour tous, dans le cadre des valeurs et principes républicains, principes inaliénables.
Cet appel à manifestation d’intérêt est porté par une vision libérale de l’école contre laquelle les enseignants continueront d’affirmer leur volonté de travailler au sein d’une école gratuite pour tous.
Des enseignants défenseurs du service public.