Tribune enfants et petits-enfants de résistant·es
A l’initiative des enfants et petits-enfants d’Henri et de Cécile Rol-Tanguy, une tribune est publiée dans la campagne électorale au nom du devoir de mémoire que nous devons à nos aînés Résistants, au moment où la République et la démocratie sont en danger.
Le RN | FN n’est pas un voyageur sans bagages
En cette veille d’élections législatives, après des européennes marquées par la victoire de l’extrême droite, nous, enfants, petits-enfants de résistantes et résistants, acteur-e-s de la Libération de la France il y a 80 ans, sommes si alarmé-e-s pour demain que nous prenons la parole.
Il est de notre devoir d’appeler toutes les forces politiques et sociales de notre pays à résister à la montée des partis de la haine et de la xénophobie. Et particulièrement quand une grande partie des Européen-ne-s semblent séduit-e-s par une vague brune qui a déjà tragiquement marqué notre continent et qu’au-delà se dessinent ou s’affirment des perspectives anti-démocratiques, voire totalitaires, en Amérique, en Russie, en Afrique, au Moyen-Orient…
Car le RN | FN et leurs acolytes ne sont pas des voyageurs sans bagages. Ils ont leurs racines dans l’histoire de notre pays à ses heures les plus noires ; ils sont les enfants de Pétain et de l’Algérie française. Avec toujours les mêmes méthodes : quand le vent de la crise souffle, avec son cortège de difficultés sociales, de déclassement et d’atteinte à la dignité des personnes, l’extrême droite désigne des minorités boucs-émissaires. Ainsi souffle le vent du racisme, de l’antisémitisme, de la xénophobie, de la division, à l’opposé de la recherche d’unité pour des avancées sociales à la hauteur des besoins de tous et de chacun, à l’exemple du programme du Conseil national de la Résistance.
Certains pensent peut-être que des choses ont changé, parce que ce ne sont plus les mêmes minorités qui sont désignées comme bouc-émissaires aujourd’hui… Ce n’est pas vrai au regard de l’histoire : à la haine des Juifs et des Roms sous Pétain, se sont bien ajoutées les exactions contre les peuples d’Algérie et du Maghreb, et aujourd’hui contre tous les migrants, quelles que soient leur religion ou couleur, avec une agressivité aggravée contre les populations musulmanes.
Sur cette pente de la division et de la haine, tout est possible encore et toujours pour ces partis qui ont déjà tenté de gouverner le monde et qui en ont été empêchés par la force de la lutte pour la démocratie, la liberté, l’égalité et la fraternité…
Il n’y a aucune illusion possible, encore une fois au regard de l’histoire : on ne s’oppose pas à l’idéologie et à la violence de l’extrême droite par des concessions successives et mortifères pour l’humanité, la démocratie, le respect et la tolérance envers tous les peuples. Aucune illusion encore : quand les partis d’extrême droite prennent le pouvoir, ils le confisquent et mettent tout en œuvre pour casser le cadre démocratique et républicain.
Il n’est donc pour nous pas d’autre alternative que de voter et d’appeler à voter pour le Nouveau Front Populaire. Et, au second tour, avec tout notre respect pour l’engagement de nos parents et grands-parents, en leur honneur, d’appeler à tout mettre en œuvre pour barrer la route du pouvoir à l’extrême droite.
C’est à cela aussi que nous convions les partisans et alliés du Président de la République : transformez enfin en actes, en véritable front républicain, ces cérémonies et discours « mémoriels » à la gloire de la Résistance, pour l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon, pour commémorer le maquis du Vercors et les massacres d’Oradour sur Glane.
Premiers signataires :
Famille de Cécile et Henri Rol-Tanguy, Famille de Lucie et Raymond Aubrac, famille de Jacqueline et Daniel Tamanini, famille d’Odette et Maurice Niles, famille Damiani, Anne Fortier-Kriegel, Georges Duffau-Epstein.