Tribune
COUPE DU MONDE DE FOOTBALL AU QATAR :
LE BOYCOTT COMME ISSUE
- Le scandale n’est pas le sport, mais ce qu’on en fait, comment on le pourrit, à la fois par l’argent – peut-il en être autrement dans le système économique qui nous exploite ?
- Le scandale n’est pas le sport mais les « modèles » qu’on impose aux classes populaires, à des années-lumière du respect de l’être humain dans un monde imposé par la soif de profit, au mépris de la planète sur laquelle nous vivons et des êtres vivants qui la peuplent, hors de toute préoccupation de solidarité, de coopération.
- Le scandale n’est pas le sport mais les valeurs dévoyées au détriment des un·es pour engraisser les autres.
- Le scandale n’est pas le sport mais le mépris de classe de celles et ceux, minoritaires, qui par la spéculation et l’exploitation, possèdent les richesses et seront demain, si nous les laissons faire, en capacité de confisquer les biens de première nécessité, y compris l’eau potable, à une majorité d’humain·es.
La coupe du monde de football au Qatar réunit tous les aspects détestables de l’inhumanité:
- À l’égard des ouvriers et des ouvrières réduits à une situation proche de l’esclavage depuis l’attribution de la coupe du monde à ce pays, sans considération pour leur santé et leur vie.
- À l’égard des femmes auxquelles on dénie les mêmes droits que les hommes, à l’égard de celles et de ceux persécuté·es pour leur orientation sexuelle, leur religion ou leur athéisme.
- À l’égard de celles et ceux qui s’opposent à la politique en cours ou enfreignent les lois du pays, basées sur la charia, et qui sont soumis·es à la flagellation, condamné·es à la prison à vie, à la peine de mort.
- À l’égard de l’aberration écologique d’organiser un tel évènement dans une région du globe qui oblige à climatiser les stades, à une consommation d’eau disproportionnée, alors que des populations y souffrent de la soif et de la faim.
- Si celles et ceux qui nous gouvernent sont incapables de prendre la seule bonne décision qui serait de boycotter – mais comme elles ont choisi le Qatar dans des conditions plus que douteuses et ferment depuis les yeux, on peut douter de leur capacité à revenir en arrière – reste la possibilité, collectivement et à défaut individuellement, de ne cautionner d’aucune façon cette compétition, comme toute autre qui ferait fi des droits des femmes et des hommes.
- Si massivement nous privions l’organisation au sens large de cette coupe du monde des ressources publicitaires, des retombées médiatiques, économiques, le signal envoyé pourrait être fort politiquement. Et servir d’avertissement aux instances dirigeantes de chaque sport pour les évènements à venir.
- Ignorons cette compétition, éteignons notre poste de télévision pendant cette coupe du monde, n’allons pas sur les sites sportifs qui en feront des comptes-rendus, ne lisons pas la presse spécialisée ou non qui en diffusera les résultats et les analyses.
- Il y aura tant et tant d’autres choses à faire pendant cette coupe du monde. Ne serait-ce que d’aller au stade, encourager des sportives et sportifs amateur·trices. Ou s’engager contre toutes les formes de discriminations, pour les droits et l’émancipation des femmes et des hommes, un travail et un salaire dignes pour chacun·e. Ou aller se promener, dans un petit théâtre, au cinéma…
- Appelons au boycott de la coupe du monde de football au Qatar et, au-delà, pour tout évènement, sportif ou culturel, qui ne respecterait pas nos valeurs de liberté, d’égalité des droits de chacun·e à vivre dignement, de solidarité et de respect de la Terre et de sa biodiversité.
H.B
septembre 2022
Je précise que même si mon cœur est au rugby, je suis ancien joueur amateur et éducateur bénévole de football. J’apprécie toujours, en (télé)spectateur, un match de foot, quelle que soit la division. Et taper dans le ballon, à l’occasion…