Tribune: Billet et analyses : enquête TIMSS
Vous le savez, ou peut-être pas, mais les résultats de la dernière enquête TIMSS (2024) sont désastreux pour les élèves de France ; ils s’inscrivent donc dans la droite lignée des dernières enquêtes PISA, PIRLS et autres indicateurs signifiant les performances des élèves de nos écoles, collèges et lycées qui nous sont régulièrement défavorables.
DE QUOI S’AGIT-IL ?
TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) mesure les performances en mathématiques et en sciences d’environ 4 700 élèves de niveau CM1 et 4 500 élèves de niveau 4ème, évalués en mai 2023. (Source : EN)
DEPUIS QUAND, QUI ET COMMENT ?
Bien que l’enquête internationale TIMMS ait été créée 1958, la France ne s’y est inscrite que depuis 1995. En 2023, c’est sa 3ème participation. Elle concerne 57 pays. Des pays membres de l’OCDE , des pays à équivalence de système éducatif, d’autres pays. En France, les questionnaires ont touché 4 739 élèves, leurs enseignants et leurs familles dans le 1er degré et environ 4 500 dans le 2nd.
Il y a donc du quantitatif (nous en reparlerons) et du qualitatif (retour avec les familles et les enseignants)
LES RESULTATS ? CATASTROPHIQUES !
La France obtient le score moyen le plus faible des 26 pays de l’OCDE, juste devant le Chili. Seule la Nouvelle-Zélande obtient un score significativement comparable à celui de la France. (Source EN)
Eclairage : En gros, la moyenne des élèves des 57 pays évalués se situe à 500 points (Maths, Sciences pour les CM1 et les 4èmes); la France obtient respectivement 484, 486, 493, 491, soient que des scores sous la moyenne des 57 pays. On peut dire que les élèves français sont stables dans leurs faiblesses. La moyenne des pays comparables à la France est de 509 points. Sur le podium : le Japon, la Corée du sud et l’Angleterre. (Source : EN) Si on compare ces données avec les meilleurs scores (Corée S, Japon, Singapour, Taiwan, Angleterre dont les scores sont parfois au-delà de 600… ), il en ressort qu’en terme d’acquisitions et de connaissances, les élèves de France ont un an de retard avec les autres ; ils seraient donc en CE2 et en 5ème. (Source : le café pédagogique)
ANALYSE ET QUESTIONS :
Méthodologie : il est souvent de bon ton de pointer le mode de passation des évaluations pour dévaluer la portée des résultats piteux de celles-ci ; ainsi, nous n’aurions pas la culture du QCM, par exemple, ce qui pourrait fausser les analyses. Ce serait recevable, si vous n’êtes pas allé sur les items proposés aux élèves. (seulement 35% des élèves de CM1 savent identifier si un nombre est pair ou impair !!) (en ligne sur le site du Ministère) Ce serait recevable, si justement dans la méthodologie, toute une pédagogie n’avait été proposée en amont auprès des classes, des collègues et des familles pour faciliter l’approche et le bon déroulement de la passation de l’enquête.
Genre : Il ressort aussi de cette étude une aggravation nette des résultats mauvais des filles par rapport aux garçons (pour rappel, on parle de sciences et de maths) ; alors que l’écart s’était légèrement comblé en 2019, celui-ci s’agrandit grandement en 2023. On pensait, sans doute à tort, que la « réserve » des filles face aux domaines scientifiques s’était estompée voire effacée, pour devenir neutre, donc non sujet. Il n’en n’est rien : l’étude met en exergue des « scores en chute libre pour les filles » (Source : le Café Pédagogique)
La question est : d’où vient ce revirement de tendance depuis 4 ans ? Il est peut-être à chercher dans la notion de confiance en soi, dès lors où dans l’intervalle, l’affirmation du féminisme a pu progresser partout dans la société.
METIER ET PERSPECTIVES :
L’analyse qualitative nous révèle selon les analyses mêmes du Ministère que bien des choses sont à revoir, ainsi (il s’agit d’un copier-coller du site) :
- « En France, l’écart de performance entre les filles et les garçons s’accroît en faveur des garçons. »
- « La France est un des pays au sein desquels la différence de scores entre les élèves les plus favorisés et les élèves les moins favorisés est la plus importante. »
- « Les enseignants français déclarent plus souvent que leurs homologues européens ne pas avoir bénéficié d’une formation continue en sciences durant les deux dernières années. »
Je n’en ai mis que trois mais on pourrait décliner à la Prévert : les salaires, le recrutement, la médecine du travail, la formation initiale, la formation continue…
CONCLUSIONS TEMPORAIRES :
Peut-on se permettre d’être si mauvais ? Devrait-on faire travailler plus nos élèves ? Peut-on ne pas viser l’excellence ?
S.A.