Les organisations syndicales FSU, CGT Educ’Action, CGT Service Publics Territoriaux, SUD Éducation et la fédération FCPE s’interrogent sur la réouverture des établissements scolaires et des conditions qui l’encadreraient.
Alors que le Conseil Scientifique, créé et nommé par le gouvernement actuel, a émis un avis défavorable jugeant la décision aventureuse tout en posant des conditions à la réouverture.
Alors que les choix faits par divers pays européens contredisent cette initiative.
Alors que l’Ordre des médecins estime que cette reprise serait prématurée et risquerait de remettre le virus en circulation… Le Premier Ministre a confirmé la volonté de rouvrir les écoles à partir du 11 mai.
Mais pourquoi ?
Est-ce une nécessité sociale, comme annoncé par le Président, pédagogique, comme annoncé par M. Blanquer ou économique comme tout le monde semble le penser ?
La nécessité pourrait bien être sociale : certains enfants vivent dans une situation économique et/ou scolaire et/ou psychologique inquiétante.
En quoi le retour de tous les élèves est-il utile pour les aider ?
A-t-on véritablement envisagé de concentrer l’accueil au sein des écoles à ces enfants les plus précaires et/ou privés de la continuité scolaire, en s’appuyant également sur les structures qui accueillent habituellement bon nombre de ces enfants et de ces familles pour leur apporter le soutien dont ils ont tant besoin sur le plan pédagogique, psychologique et social ?
La priorité donnée à l’accueil des plus jeunes montre bien que l’objectif est de permettre aux parents d’aller travailler réduisant ainsi l’École à une fonction de garderie.
C’est bien à des choix économiques, et non pas pédagogiques ou sociaux que répond ainsi le gouvernement.
Notre connaissance du terrain nous conduit à émettre les plus grands doutes sur la possibilité d’avoir une situation satisfaisante du point de vue sanitaire.
Beaucoup d’établissements scolaires n’assurent déjà pas en temps normal, faute de moyens matériels et humains, un niveau d’exigence sanitaire correct.
Comment interdire tout contact physique entre enfants pendant toute une journée ?
Comment répondre à une exigence accrue en matière sanitaire, tout en respectant les consignes toujours actives de Vigipirate – par exemple, comment s’assurer de l’identité d’un élève portant un masque en se basant sur la photo d’identité sur son carnet de correspondance tenu à 1 mètre ?
Certaines communes annoncent déjà ne pas être en mesure d’assurer l’ouverture des écoles. Que va-t-il alors advenir des enfants scolarisés dans ces communes, alors que les parents ne bénéficient plus de la possibilité de rester à la maison pour les garder
Qu’est-il prévu pour la prise en charge des classes dont l’enseignant·e est une personne à risque et/ou malade ?
La responsabilité de re-scolariser les enfants ne devrait pas reposer sur les seules familles – les « volontaires » auront-ils d’ailleurs véritablement le choix ?
La réussite du dispositif ne saurait reposer sur le pari que peu de familles renverront les enfants dans les établissements.
Nous réclamons de manière unanime comme préalable indispensable à la reprise que des conditions sanitaires suffisantes soient assurées dans toutes les écoles, et que des tests puissent être pratiqués.
Nous nous opposerons fermement à toute reprise précipitée de nos enfants, de nos élèves, des personnels de l’éducation nationale et des collectivités locales dans l’École de la République. Il en va de la santé de ces personnels et des élèves, mais plus largement, de toute la société.
Jean-Paul CLOT, pour la FSU
Céline VAILLANT pour la FCPE
Armel BRIEND, pour la CGT Educ’Action
Ronan LAPIERRE, pour la CGT Service Publics Territoriaux
Frank GAYE, pour SUD Éducation