Refondation : du
redoublement
Un
récent décret met quasiment fin au redoublement.
La loi d’orientation le qualifiait d’exceptionnel,
il est désormais devenu extrêmement rare.
En
effet, il ne permettra que de pallier une rupture importante des
apprentissages ; il peut intervenir une seule fois au cours de
la scolarité en primaire (toujours sur autorisation de
l’IEN) sauf exception. Dans le secondaire, il peut exister
sur demande des parents pour permettre l’orientation choisie
par les parents. Pour prendre en charge la remédiation des
élèves il est alors proposé
des dispositifs de remise à niveau mais le texte ne renvoie,
pour l’instant, qu’au PPRE et aux dispositifs
existants n’ayant pas prouvé leur
efficacité.
Si
la majorité des études montre
l’inefficacité du redoublement comme outil de
remédiation scolaire, les associations
lycéen-nes et de parents
d’élèves y sont attachées,
tout comme une partie de nos collègues.
Pourtant,
de nombreuses études tendent à montrer sa faible
efficacité, voire son inefficacité sur le court
terme, et sa toxicité sur le long pour le
développement de leur estime de soi et de diverses
capacités non cognitives.
Pourtant,
le redoublement est très connoté socialement.
20,5 % des élèves issus de milieux
défavorisés ont redoublé au
moins une fois à l’arrivée en
sixième (données 2011), soit six fois plus que
les élèves dont les parents sont très
favorisés (3,6 %), indique une étude de
l’Insee. Un tiers des élèves de
nationalité étrangère
(32,4 %), eux-mêmes plus souvent de milieux
populaires, sont concernés contre 11,8 % des
élèves de nationalité
française.
De
la même façon, les élèves
vivant dans une Zone urbaine sensible (Zus) ont aussi plus de risques
d’avoir pris du retard à
l’école : 21,7 % contre
11,6 % hors Zus. Un phénomène
lié pour l’essentiel à leurs origines
sociales, mais l’Insee note que la concentration de personnes
défavorisées sur un territoire joue un
rôle en soi : à milieu social
équivalent, le fait d’être
entouré d’une population de même milieu
influence les résultats scolaires.
Cela
ne signifie nullement que les élèves issus de ces
quartiers ou de ces milieux auraient moins de capacité
à réussir scolairement. Cela indique simplement
que les familles de milieu favorisé ont les codes pour
l’éviter en plus du patrimoine culturel.
Une telle mesure apparaît positive, pourtant sans moyen
supplémentaire, sans réelle mesure pour aider les
élèves en difficulté, sans changement
profond de l’école, elle permet au
ministère de se donner bonne conscience et de faire des
économies budgétaires.
Fabienne
CHABERT