Réaction de la CGT Éduc’action 06 suite aux résultats des consultations des quatre groupes de travail que Carole Grandjean a présentés vendredi 27 janvier
Suite aux résultats des consultations des quatre groupes de travail que Carole Grandjean à présenté vendredi 27 janvier :
La presse a principalement relayé les annonces suivantes de Carole Grandjean :
- L’augmentation des PFMP (Périodes de Formation en Milieu Professionnel) n’aura pas lieu.
- Il y a une « absence de consensus sur l’augmentation des PFMP ».
- « Nous avons entendu l’appel de l’ensemble des parties prenantes qui nous alerte sur l’augmentation des PFMP ».
Pour rappel, Emmanuel Macron avait annoncé en septembre leur augmentation de 50 % dès la rentrée 2023. Ce qui revenait à passer de 22 à 33 semaines de stages sur 3 ans de formation en Bac Pro.
Il avait fait de cette mesure un des points les plus importants de cette réforme qu’il a présentée lui-même et de façon très volontariste à la place du ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye.
L’annonce de l’abandon de cette mesure est donc une victoire, et il faut le dire.
On pourrait même retourner la formule en affirmant qu’il y a consensus sur le refus d’augmenter les périodes de stages. Les syndicats d’enseignants sont contre, et les entreprises aussi, puisqu’elles ont alerté sur leur incapacité à accueillir davantage d’élèves et sur leur refus de prendre en charge leur éducation.
Le gouvernement s’est donc vu contraint de reculer face à l’infaisabilité de cette mesure. Cela démontre une fois de plus qu’il est nécessaire de se concerter avant d’annoncer des projets intenables.
Cependant, l’esprit de la réforme est toujours là et nous restons dans une vision très utilitariste de l’enseignement professionnel.
Le lycée pro sera toujours placé sous la double tutelle des ministères du Travail et de l’Éducation nationale.
Les créations ou les fermetures des formations seront encore plus pensées selon les besoins des entreprises locales (régionales) qu’elles ne le sont aujourd’hui. Quand Carole Grandjean explique que la carte de formation va bouger à la rentrée 2023, on peut s’attendre au pire, à l’image des fermetures des LP parisiens cette année.
Ces cartes de formations scolaires seront articulées en parallèle d’une autonomie encore plus grande accordée aux établissements à qui on demande d’être « agiles », expression très couramment utilisée par Carole Grandjean pendant les consultations.
Alors qu’il reste encore à prouver que l’apprentissage attire les élèves à la sortie du collège, le gouvernement continue de le promouvoir, de le financer et de l’ériger en modèle à atteindre.
Il manque toujours énormément de temps pour former nos élèves en lycée pro. Aucun bilan n’a été tiré des deux dernières réformes :
- Bac pro qui passe de 4 à 3 ans,
- diminution de moitié des enseignements généraux.
L’augmentation des PFMP allait être intenable et aurait encore plus empêché les jeunes de lycées pro de poursuivre leurs études du fait d’une formation encore plus raccourcie. Pour autant, la situation actuelle est tout sauf satisfaisante et les heures passées au lycée sont encore bien insuffisantes.
L’annonce des propositions d’allonger le cycle de formation d’un an après le Bac sonne d’ailleurs comme un aveu d’échec du Bac pro en 3 ans. Il manque du temps pour les élèves de lycée pro pour se former de façon sereine et apaisée. C’est d’ailleurs l’un des points clé de la tribune #PreparonsLaRiposte.
Dans ce contexte, on se demande bien comment l’idée de création des options durant la formation en 3 ans (cinéma, sport, théâtre, musique, philosophie) pour éviter le « formatage à l’emploi », comme le craignent les opposants à la réforme, va bien pouvoir voir le jour avec des emplois du temps aussi serrés que ceux des lycéens de LP.
Si on se réfère à la dernière réforme du lycée général, on constate que les options ne sont pas réparties de façon équilibrée sur l’ensemble du territoire et qu’il y a une disparité en fonction de là où habitent les élèves. Il serait assez naïf de penser que les pouvoirs publics réussiront pour les lycées pro ce qu’ils ne réussissent pas pour les lycées généraux.
Avant de faire une synthèse de ces consultations mi-février, Carole Grandjean dit qu’elle va consulter les syndicats qui ont boycotté les groupes de travail. Elle annonce que des décisions seront prises pour le printemps. Nous verrons bien.
Quoi qu’il en soit, il est important de maintenir la pression, surtout celle de l’opinion, car nous voyons que l’essence même de la réforme et la direction choisie par Emmanuelle Macron et le gouvernement n’ont pas changé.
Nice, le 27 Janvier 2023 – #onlacherien