Nouvelle évaluation des directions d’école : zoom sur les modalités d’application du décret d’août 2023
En application du décret en lien avec la loi Rilhac, les détails concernant la mise en pratique de la toute nouvelle évaluation des directeurs.trices d’école viennent de nous être dévoilés au B.O. du 11 avril.
Première chose : contrairement à ce que les directeurs.trices (et certain.e.s I.E.N.) pouvaient espérer, à savoir un rendez-vous de carrière qui servirait également d’évaluation des fonctions de direction, cette nouvelle modalité s’ajoute au rendez-vous de carrière et ne pourra pas se tenir la même année. Il s’agira d’un « entretien professionnel » pour toute personne nommée sur un poste de direction. Remarquons pour commencer que la simplification des procédures administratives annoncée par notre ministère ne semble pas trouver là sa réalisation exemplaire…
Cette nouvelle évaluation, qui sera réalisée par les IEN au plus tard 3 ans après la prise de fonction, ou au moins une fois tous les 5 ans, viendra donc se rajouter à un quotidien déjà (sur)chargé tant pour les directions que, avouons-le, pour les inspections elles-mêmes.
Contrairement au rendez-vous de carrière, cette évaluation sera centrée sur les missions de directeurs.trices énoncées dans le référentiel métier. L’entretien portera donc sur la spécificité de la fonction, les conditions d’exercice, les besoins en formation, ainsi que les perspectives d’évolution ou de mobilité.
Même si cela ressemble a priori à un bilan et qu’il n’est pas annoncé que cette évaluation influera de quelque manière que ce soit sur la carrière du directeur ou de la directrice, son objectif réel nous laisse perplexe. En effet, elle restera dans le dossier de la personne : à quelles fins ? Cela servira-t-il vraiment à faire apparaître la réalité quotidienne de plus en plus ardue de cette fonction puisqu’il est question de « contexte d’exercice » et de « besoins en formation » ? Et puisqu’il est question de formation : au vu de la situation critique du remplacement, comment ces besoins pourront-ils être couverts sur le temps scolaire ? Les personnels ne se verront-ils pas répondre que, s’ils ont réellement besoin de formation, ils doivent faire l’effort d’assister à des sessions proposées sur les vacances scolaires ?
Alors nul doute, même si les directeurs et directrices pourront saisir le DASEN en cas de désaccord avec les conclusions de l’IEN, et même saisir ensuite la CAPD s’ils n’ont pas obtenu gain de cause, cela ajoutera du stress à ces personnels qui, à l’instar de tous les professeurs des écoles, sont déjà bien malmenés par des politiques mensongères et dégradantes.
On peut se demander quel est le but de cette évaluation. La réponse est probablement dans la fiche d’évaluation avec le paragraphe: « perspectives éventuelles d’évolution ou de mobilité »… qui ouvre de nombreuses évolutions de cette évaluation et de ses buts non avoués!