LES RICHES NE VEULENT PLUS PAYER !
La rentrée est à l’image des rentrées sous le quinquennat précédent. S’il y a la volonté d’assurer la continuité du service public pour le gouvernement, il y a aussi et surtout la volonté de continuer la politique libérale, destructrice de nos conquis.
Ainsi, 4000 profs non recruté·es à l’issu des concours. Comme nous le rappelions à BFMTv, ne faisons pas comme-ci nous découvrions le phénomène. Cela fait des années que l’ensemble des postes après concours ne sont pas pourvus. On est à 8% de contractuel·les dans le secondaire et cette rentrée ancre clairement l’arrivée des contractuel·les dans le primaire.
Mais ces chiffres masquent une réalité plus complexe. La répartition de la contractualisation des personnels doit s’observer en fonction de ses disparités sociales sur le territoire mais aussi par nature de structures. En effet, le pourcentage de contractuel·les n’est pas le même que l’on soit en Seine saint Denis ou en Bretagne et en lycée général ou en LP.
Il y a bien là, un choix qui devient une constante du libéralisme au pouvoir, la rupture totale avec l’égalité de traitement et d’accès.
LES RICHES NE VEULENT PLUS PAYER !
La classe bourgeoise dominante est bien en train d’inscrire profondément et durablement son retour aux commandes et sa revanche sur les conquis sociaux du Conseil National de la Résistance, donnant ainsi tout son sens au propos prophétique de Warren Buffet en 2006 lorsqu’il disait :
C’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la remporter !
La cancel culture de droite s’autorise même, dans un cynisme des plus délétère, un nouveau CNR, conseil national de la refondation comme pour effacer et faire oublier le seul et unique Conseil National de la Résistance.
Des projets en cours, à l’éducation nationale, l’un doit attirer notre attention. C’est le projet à venir de transformation de la voie professionnelle. L’histoire nous a montré que le lycée Pro a toujours été le laboratoire des expérimentations gouvernementales avant leurs généralisations à l’ensemble des structures de l’Éducation.
La double tutelle des LP, sous la responsabilité du ministère de l’éducation et maintenant du ministère du travail est un retour au année 1920.
L’objectif est simple : fournir la main d’œuvre manquante au bassin d’emploi dans lesquels se trouvent les établissements scolaires.
D’abord, en fournissant des apprenti·es aux entreprises, utilisé·es comme des tâcherons en tout genre et qui fournissent ainsi, le temps de leur formation, une main d’œuvre gratuite aux entreprise financée sur les deniers publics !
Ensuite, en fournissant aux entreprises, à la fin de l’apprentissage, des salarié·es peu qualifié·es et à bas coût, intégralement et exclusivement formés aux besoins des patrons locaux.
L’entrée en fanfare des entreprises dans le système éducatif est acté. Les patron·nes vont présider les Conseils d’Administrations des EPLE, présider les Groupes de Travail liés aux cartes de formations, organiser la répartition de la Taxe d’Apprentissage.
Le LP d’Éducation National est en train de devenir un centre de formation d’apprenti·es au service des patron·nes locaux/ales, faisant ainsi fi des désirs des jeunes et de leur droit de décider et disposer de la formation qu’iels souhaitent faire.
Les processus démocratiques de concertations avec les organisations syndicales et élu·es locaux/ales passent au second plan.
Les plein pouvoirs aux Patron·nes !
Bien entendu, de nouveau, la dimension sociale est complètement occultée. Les populations les plus fragiles de notre société sont au cœur de ces enjeux nouveaux de la réorganisation de notre système éducatif, 600000 jeunes sont concerné·es.
C’est la nouvelle chair à canon du libéralisme, mains d’œuvre ouvrière, sous qualifiée et sous rémunérée de demain que notre gouvernement est en train de produire en concertation et au service des détenteurs/rices du capital.
La presse récente1 nous rappelle comment le modèle éducatif Suédois, anciennement vanté comme l’un des meilleurs d’Europe, vient de péricliter sous la pression du néo-libéralisme politique qui l’a transformé en marché. Cet exemple doit nous éclairer et nous dissuader collectivement d’accepter cette transformation à marche forcée de notre École par la Macronie au pouvoir.
Pour les personnels, cette transformation annonce aussi clairement la fin d’un statut d’État, l’arrivée de nouvelles missions cumulatives, condition d’un PACTE avec Macron, seule garantie d’une augmentation salariale.
L’asséchement progressif des financements des LP mais aussi l’asséchement des salaires de toute la fonction publique depuis plus de 20 ans favorisent l’implantation de ces politiques libérales dans les LP.
En effet, par le développement de l’apprentissage, les LP retrouvent les financements perdus par les filières.
Par le développement de nouvelles tâches promises à rémunération, les collègues retrouveront une partie de leur salaire perdu.
Par ailleurs, une nouvelle augmentation salariale des personnels est annoncée pour l’automne 2023. Elle concernerait les personnels nouvellement recrutés et irait jusqu’au milieu de carrière, étant entendu que le milieu de carrière pour notre nouveau ministre, c’est 10 ans.
Comme quoi, même après de hautes études, diviser 43 par 2, ça reste compliqué.
Ou est-ce peut-être est une nouvelle annonce déguisée d’une fin programmée des carrières dans le public après 20 ans de bons et loyaux services.
Il ne faut pas que nous tombions dans ces jeux de dupes, nous devons retrouver des salaires décents sans les conditionner à des tâches supplémentaires. Nous ne pouvons accepter que les revalorisations promises ne concernent que si peu de personnels. Nous devons nous battre pour un projet d’École émancipatrice non assujettie aux besoins d’un marché instaurés par les détenteurs/rices du capital.
Le 29 Septembre, il faut investir la rue massivement et se préparer toutes et tous à ce que les années à venir soient des années de luttes importantes car l’École publique comme tout le système publique et nos conquis sociaux sont en train de subir les pires attaques depuis l’après-guerre.
La CGT Éduc’Action 06
Nice, le 16 Septembre 2022
1 https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/09/09/l-ecole-suedoise-degradee-par-une-logique-de-marche-est-devenue-un-contre-modele_6140851_3232.html