L’école est un hôpital comme un autre !
Intervention de la CGT Éduc’action (Olivier Salerno) lors de la manifestation du 29 septembre
Car tout comme pour l’hôpital, l’école est en train de se faire démanteler.
Tout comme pour l’hôpital, on a un besoin vital d’école partout dans le pays : dans les centres-ville, les quartiers populaires, les zones péri-urbaines et jusqu’aux campagnes les plus reculées.
Et comme pour l’hôpital, nous assistons à une casse généralisée du système éducatif. Et on n’en croit pas nos yeux. On veut se pincer pour se réveiller, mais non, c’est bien la réalité : Macron et son monde sont en train de tout casser.
Vous le savez, ils ont continué à fermer des lits, même en plein Covid. Et ils continuent de le faire alors que l’Hôpital est à genoux et que les périodes de crises se succèdent, été comme hiver.
Et de la même façon, ils continuent de casser l’école, de la maternelle à l’université, alors que notre jeunesse a besoin qu’on la soutienne, qu’on l’accompagne, qu’on l’instruise, qu’on l’éduque, qu’on la forme et surtout qu’on l’implique, sans la briser, sans la malmener.
Malmener nos élèves, c’est ce qui nous pend au nez aujourd’hui. Même si on sait que le système reproduit les inégalités, en tant qu’enseignants, on se dit qu’on peut encore agir à notre niveau en s’impliquant pour nos élèves. Mais aujourd’hui, tout comme à l’hôpital, leurs réformes successives ne nous permettent plus de travailler correctement pour leur bien, pour leur émancipation.
On manque de tout. D’instit’, de prof, d’AESH, d’AED : les surveillantes et les surveillants… On prend l’eau. 4.000 profs non recrutés à l’issue des concours cette année, remplacés par des collègues contractuels malmenés. Et maintenant le job dating… En 10 minutes, paf : on recrute un collègue.
Et remarquez un truc. Le job dating pour embaucher les enseignants, c’est en Seine-Saint-Denis que ça se passe, pas à Neuilly-sur-Seine. Ils tentent des trucs, là où les parents ne vont pas trop la ramener parce qu’ils sont souvent issus de milieux sociaux très défavorisés.
Je voudrais parler de quelque chose de précis : la réforme du lycée professionnel. Tout comme pour le job dating dans le 93, c’est aux pauvres de l’Éducation nationale que le gouvernement Borne s’attaque en premier pour ensuite libéraliser l’ensemble de l’École. Tout comme pour l’Hôpital.
On dit souvent que le lycée professionnel est un laboratoire des réformes. L’État tente chez nous ce qui va s’appliquer plus tard dans d’autres secteurs du système scolaire.
Par exemple, on a vu récemment les collègues en lycée général s’arracher les cheveux avec le contrôle continu organisé de façon autonome par les établissements. Et bien ça fait longtemps que ça fonctionne comme ça chez nous en LP. Ça s’appelle le CCF, le Contrôle en Cours de Formation. Et personnellement, en 20 ans d’enseignement, je n’ai connu que ça. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Le 13 septembre dernier, aux Sables-d’Olonne, Macron a présenté la nouvelle réforme du lycée pro. On n’a pas de bilan de la précédente réforme sous Blanquer, pas plus que de celle sous Sarkozy. On sait qu’on perd de plus en plus d’élèves en lycée professionnel, mais on y va gaiement, on continue.
Et celle là s’annonce particulièrement brutale. En entretenant la confusion entre apprentissage et enseignement professionnel (et oui, qui connaît la différence ici à part celles et ceux qui travaillent en lycée pro ?), Macron a pour objectif d’envoyer au travail plus d’un million d’élèves de moins de 18 ans !
Il y a un siècle, l’État a pris une décision fondamentale : celle de retirer l’enseignement professionnel du ministère du Travail pour le donner à l’Éducation nationale. C’est là-dessus qu’ils veulent revenir dans un contexte inquiétant où on entend de plus en plus de réflexions réactionnaires au sujet de la jeunesse.
L’opinion publique ne verra pas le problème et Macron l’a bien compris. Il veut aller vite, prend les choses en mains personnellement (notre ministre brille par son absence) et mise sur le fait que le lycée pro, finalement, tout le monde s’en fout.
Et c’est là-dessus que j’attire votre attention, aux collègues de LP, mais aussi et surtout à tous les collègues de l’Éducation nationale, quel que soit votre statut : ils vont commencer par nous et finiront par vous.
Le 18 octobre prochain, la quasi-totalité des syndicats de l’Éducation nationale appelle à la grève pour le retrait de cette réforme. La CGT : Éduc’Action, Agri, Enseignement privé – SUD-Solidaires : rural, Éducation, SUNDEP – la CNT – le SNALC – l’UNSA – FO : le SNETAA – la FSU : SNEP, SNES, SNFOEP, SNUEP, ISNETAP, SNUPDEN, SUI…
Même si l’appel est massif, s’il n’y a que le lycée pro dans la rue, qu’est ce qui va se passer ? On va se balader, rentrer chez nous en ayant le sentiment d’avoir « offert » une journée de salaire au ministère ? Si vous nous laissez seuls, on va perdre cette bataille, mais malheureusement, on vous emportera tôt ou tard avec nous…
Alors quelle forme cette lutte prendra-t-elle ? Une grève reconduite ? Des créations de collectifs ? Comment on va bien pouvoir faire comprendre à l’opinion que cette réforme est dégueulasse ? On verra bien… Mais en attendant, on a besoin de votre soutien.
N’hésitez pas à venir nous voir, discutons entre collègues de tous corps : PLP, Certifié⋅es, Professeur⋅es des écoles, Contractuel⋅les, Agrégé⋅es… Et on n’oublie surtout pas : Tout le monde dans la rue le 18 octobre pour le retrait de la réforme du lycée pro !