Inclusion, parlons-en mais correctement !
Les personnels accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH) sont les travailleuses et travailleurs indispensables pour favoriser la scolarisation des élèves handicapé·s dans les écoles, les collèges et les lycées. Elles et ils sont en première ligne pour constater les manques de moyens mis en place pour les élèves concerné·es. Les notifications d’heures d’AESH mutualisé·es remplacent de plus en plus les AESH individualisé·es qui répondaient à des besoins précis de chaque élève : une ou un AESH se retrouve alors dans l’incapacité d’écrire à la place de plusieurs élèves en même temps ou de reformuler à chacun·e une consigne dans les termes qu’il ou elle pourrait comprendre.
Les AESH ne doivent pas subir les carences de moyens que l’institution refuse à ces élèves. L’accumulation du déni des besoins de ces élèves, le manque de moyens humains, pédagogiques et matériels, la non prise en compte de leurs particularités en terme de compréhension, de rythme de travail et la stigmatisation de ces élèves dans un système scolaire validiste peuvent amener ces élèves à réagir : un ou une élève autiste non verbal avec une aide humaine partielle, dont les hypersensibilités ne sont pas prises en compte et pour qui aucune communication alternative n’a été mise en place pourrait finir par mordre ou griffer un personnel ou un·e camarade.
La solution au manque de moyens ne peut pas être le placement systématique des élèves handicapé·s dans des institutions médico-sociales où de plus les places manquent. Des moyens doivent être en mis en place pour accompagner dans les écoles, les établissements (SESSAD, S3AS, DAR) et des personnels médicaux doivent être recruté·s dans nos établissements.
L’Acte 2 de l’école inclusive annoncé par le gouvernement est en réalité une volonté d’enterrer un projet d’école pour toutes et tous avant qu’il n’ait commencé. Attribuer un numéro INE à tous les enfants permettra une inscription administrative qui masquera des temps de scolarité inexistants pour certain·es élèves. Mettre en place les Pôles d’Appui à la Scolarité ajoutera de la confusion entre les élèves handicapé·es et celles et ceux « à besoins éducatifs particuliers ». Créer le métier d’Assistant·e à la Réussite Educative (ARE) en lieu et place de celui d’AESH vise à ajouter de la confusion et à mettre à disposition des aides humaines « au mérite » donc en fonction des potentialités et non plus des besoins évalués par les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH nouvellement MDA).
Les enseignant·es, les AESH ou les éducatrices et éducateurs ne sont pas interchangeables. Chaque corps de métier a ses missions et ses savoir-faire qu’il faut reconnaître et renforcer. Les AESH sont maintenu·es par l’administration dans une situation de précarité chronique : pour un contrat à 62%, la norme pour les AESH, le salaire est de 921€ net par mois et la grille indiciaire en vigueur prévoit qu’un·e AESH avec 30 ans d’ancienneté ne touche que 1253€ net ! La gestion par PIAL impose de pouvoir être muté·e dans n’importe quel établissement du bassin.
La CGT Educ’action revendique :
– un contrat de travail à temps plein avec 24 heures d’accompagnement des élèves pour permettre de préparer les aménagements matériels, d’avoir des temps de concertation et de pouvoir être partie prenante dans les équipes pédagogiques, avec les familles et les différents partenaires.
– un statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH où l’ancienneté serait prise en compte.
– l’augmentation immédiate de 400€ net par mois pour l’ensemble des personnels
– un accès aux outils indispensables au travail d’équipe pour l’ensemble des personnels.
– l’abandon de la fusion des AESH avec les Assistant·s d’Education (AEd) qui sont des métiers aux savoir-faire différents.
– l’abandon des PIAL et des futurs Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS) qui sont des organisations qui maltraitent les personnels AESH et qui servent à masquer les manques de moyens pour accompagner nos élèves handicapé·es.
– une véritable formation sur l’accompagnement des élèves handicapé·es pour l’ensemble des personnels, à tous les niveaux de la scolarité.
– la baisse des effectifs pour accompagner au mieux tous les élèves.
– des moyens supplémentaires pour les MDPH (nouvellement MDA) afin de diminuer les temps de traitement des dossiers.
La CGT Educ’action revendique la nécessité de valoriser les personnels qui accompagnent les élèves en situation de handicap et de repenser le système scolaire pour que l’ensemble des enfants présent·es sur le territoire puisse bénéficier des apprentissages scolaires.
A noter, que le 28 décembre 2024, le Conseil constitutionnel a censuré l’article 53 qui concerne les PAS considérant qu’il ne s’agissait pas d’une simple disposition budgétaire mais d’un choix politique d’organisation pour la scolarisation des élèves en situation de handicap. Nous n’avons cependant pas d’illusions et un nouveau texte sera certainement présenté!