Forum Social Mondial
: L’Education au FSM de Tunis 2015
La
questions d’éducation n’étaient pas au centre des
débats du FSM mais présentes tout de
même:
– soit de manière
pointue dans des ateliers ayant comme sujet «le droit
à l’éducation pour les enfants
réfugiés» ou «une
éducation basée sur les droits humains entre le
concept et la pratique en Palestine »;
– soit dans
l’idée de promouvoir l’éducation dans un domaine
particulier avec des ateliers comme «Education à
la citoyenneté» , «éducation
à la solidarité internationale» ou
encore «éducation aux sciences et à la
transition »;
– soit sous forme de
réflexion autour de thèmes comme
«violence scolaire» , «un enseignement
secondaire pour tous ?», «le
e-learning ?»…
Les
ateliers «l’éducation n’est pas une marchandise,
ni ici, ni ailleurs» ou «non à la
privatisation de l’éducation par TTIPP, CETA,
TISA» s’interrogeaient sur les menaces qui pèsent
sur les services publics d’éducation liées
à la mondialisation libérale.
Le
premier atelier a permis une discussion entre des syndicalistes
enseignant-e-s de Tunisie, d’Algérie, du Maroc, de France,
d’Italie du Québec, du Cameroun,… mais aussi des
étudiant-e-s et des citoyen-ne-s concerné-e-s pas
l’Ecole. Elle a montré qu’avec des rythmes et des approches
différentes, quelques soient les pays, le processus est
toujours le même.
Nous
le savons depuis longtemps, grâce aux travaux de Nico Hirtt
notamment, il existe une ligne convergente
des politiques éducatives depuis plus d’une vingtaine
d’années, impulsée par des grands organismes
économiques, financiers et commerciaux: OCDE, Banque
mondiale, FMI, OMC, … Le capitalisme globalisé, toujours
à la recherche de nouveaux investissements et de nouveaux
profits Les services publics (santé, transport,
éducation…) deviennent des marchés à
conquérir. La table ronde de industriels
européens en 1989 déclarait
«l’éducation et la formation sont des
investissements stratégiques vitaux pour
l’entreprise ».
Cette marchandisation se
développe suivant plusieurs formes : commercialisation de
l’espace scolaire, production de services et
produits éducatifs payants ,
logique de marché se développe à
l’intérieur du service éducatif avec
compétitivité et mise en concurrence des
élèves, des établissements et
même des enseignant-e-s par la multiplication des
évaluations, palmarès ou enquêtes type
PISA.
Ces
phénomènes se sont amplifiés depuis la
mise en place de politiques d’austérité pour
soi-disant répondre à la crise. Au
Québec, par exemple, l’Education Publique appauvrie a
cherché des solutions de financement en augmentant les frais
d’inscription en université. La mobilisation des
étudiant-e-s dans un premier temps suivie par la population
qui y avait bien vu là un problème de
société a permis un recul du gouvernement qui a
démissionné. Bel exemple, non?
Le
second atelier portait sur les négociations
secrètes d’accords de libéralisation entre une
cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis et l’Union
européenne que WikiLeaks a fait fuiter. Après
l’AGCS, TTIPP,
CETA, TISA* représente un risque majeur d’ouverture du
« marché des
services » à la concurrence
internationale. Éducation, santé, transports,
télécommunications, eau, santé …
tous les services publics pourraient être
concernés.
Ces accords viseraient à interdire toute intervention des
Etats.
Aujourd’hui, un pays membre de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’est tenu de
libéraliser que les secteurs sur lesquels il a explicitement
donné son accord. TiSA prévoit d’inverser cette
logique en introduisant des listes négatives : seuls les
secteurs cités explicitement dans les accords ne seront pas
libéralisables. Tous les secteurs seraient donc
concernés y compris l’Education, les Etats pouvant
être poursuivis s’ils maintiennent
les « monopoles publics ».
Mais
ces traités sont comme les vampires: plus on les
éclaire, plus on en parle, moins ils pourront aboutir.
C’est pourquoi le 18
avril prochain, partout dans le monde, des initiatives auront
lieu pour mettre en lumière ces accords de
libre-échange et d’investissement qui sapent les
droits et détruisent l’environnement.