Evolution du protocole sanitaire dans les écoles
Absence des personnels enseignants et respect des consignes de non-brassage, comment faire concrètement ?
Le retour en classe le 26 avril fut précédé d’un énième protocole sanitaire ministériel. Dans celui-ci, le ministère indique clairement qu’il accède à la demande intersyndicale de ne pas procéder à la répartition des élèves dans les élèves afin de limiter les brassages lorsqu’un·e enseignant·e est absent·e :
« Dans les écoles, lorsqu’un enseignant absent ne peut, malgré le renforcement des moyens de remplacement, être immédiatement remplacé, les élèves ne peuvent en aucun cas être répartis dans les autres classes. L’accueil des élèves est alors suspendu dans l’attente de l’arrivée du professeur remplaçant.«
Cependant, le ministère oublie que cette revendication était accompagnée de notre demande de recrutement express de personnels pour assurer les remplacements. Cette action est en effet indispensable pour que les élèves ne se retrouvent plus sans enseignant·es, obligé·es d’être « casé·es » dans les autres classes ou obligé·es de rester à la maison.
Car dans les faits aujourd’hui, la consigne de non-brassage est très difficilement applicable et plusieurs choses viennent mettre à mal sa faisabilité effective:
– Dans la majorité des cas, les écoles n’ont connaissance de l’absence d’un·e enseignant·e et de son non-remplacement que le matin, au moment d’accueillir les élèves de la classe. Il est donc trop tard pour avertir les parents ou pour les renvoyer chez elles et eux tous·tes seul·es. De même pour les élèves qui viennent seul·es ou qui sont déposé·es à la garderie.
– Les écoles ne disposant pas de vie scolaire ou de secrétariat, si la·le directeur·trice n’est pas en décharge ce jour-là, personne ne peut prendre en charge les élèves jusqu’à l’arrivée d’un·e représentant·e légal·e, à moins que cette organisation puisse se faire en lien avec les personnels de la collectivité locale.
Dans ces conditions, pour éviter le brassage, il faudrait aux collègues encore dans l’école, enseigner dans leur classe tout en surveillant une autre classe en autonomie et appeler les 20 à 30 familles pour leur demander de venir chercher, au plus vite leur enfant. Les écoles sont confrontées à des situations insolubles. C’est une situation qui provoque désorganisation, stress et insécurité.
Nous rappelons que nous avons la responsabilité d’enfants (et non d’objets) et que nous avons aussi une obligation vis-à-vis des familles. Ces situations exceptionnelles, qui surviennent souvent le matin, ne doivent pas nous conduire à nier la situation des familles.
Les fermetures de classes les obligent à garder leurs enfants alors que beaucoup d’entre-elles travaillent. Elles peuvent alors se retrouver en difficultés pour organiser cette garde soudaine. Ces situations sont particulièrement source de tensions pour les familles les plus précaires.
Pour rappel également, selon la FAQ, lorsqu’un·e collègue (considéré·e comme personnel prioritaire) est confronté·e à l’absence du·de la PE de son enfant, elle·il est en droit de solliciter une ASA pour la garde à domicile. Ce sera donc un personnel supplémentaire à remplacer par l’administration…
Face à ces situations compliquées à gérer, nous rappelons qu’il est parfois nécessaire de rester pragmatiques sans sacrifier nos droits. Ainsi, nous recommandons :
- de discuter et d’agir avant tout en équipe de la faisabilité de la mesure en prenant en compte le contexte de l’école et du département.
- que cette situation est de la responsabilité totale de l’administration qui n’a pas les capacités suffisantes de remplacement ou qui ne met pas en place tous les éléments nécessaires permettant le respect du protocole qu’elle a elle-même édité. Les personnels n’ont pas à subir les manquements de leur administration ou à boucher les trous là où ils existent. Nous demandons donc aux équipes de se tourner vers leur hiérarchie afin qu’elle gère ses situations et ne mettent pas en difficulté les équipes et les écoles.
Manque de remplacement et palliatif
Bien que le ministère affirme que des personnels ont été recrutés, le compte n’y est pas.
Pour pallier ces manques récurrents, les autorités académiques demandent trop souvent aux personnels dont ce n’est pas la fonction (RASED, UPE2A, directeur·trice sur les jours de décharges, …) de remplacer les collègues absent·es. Nous rappelons qu’aucun texte ne les y oblige. Elles et ils sont donc en droit de refuser ces remplacements et de continuer leurs missions habituelles.
Une fois encore, c’est en équipe que des décisions seront prises pour répondre au mieux à la situation du moment.
EPS et protocole, encore des nouveautés
A peine une semaine après la reprise des cours, la FAQ ministérielle était à nouveau modifiée pour « adapter » la pratique sportive. Alors que celle-ci était interdite en intérieure et que les activités en piscine suspendues, elles redeviennent possibles en 5 jours…
Cela interroge à plus d’un titre :
- La circulation du virus a-t-elle été modifiée en une semaine ?
- Le ministère travaille donc le 1er mai…
- Le ministère va-t-il continuer longtemps à ne pas respecter le travail des collègues et des équipes qui doivent modifier sans cesse leurs pratiques pédagogiques…
Nous encourageons donc les équipes à réfléchir collectivement à leurs pratiques et leur organisation afin d’avoir une vue à plus long terme et afin de garder de la sérénité pour elles et les élèves.