Étude de l’IREDU sur les RASED : une mise
à mort légitimée?
L’IREDU (Institut de Recherche sur l’Education
rattaché à l’ESPE de Dijon) vient de
dévoiler au cours d’un colloque les conclusions
d’une étude sur l’efficacité
des RASED sur les apprentissages des élèves.
Cette étude indique que le passage par les RASED
augmenterait les chances de redoubler et aurait un impact
négatif en mathématiques. Elle estime aussi que
la sortie de classe serait préjudiciable aux
élèves car elle ne leur permettrait pas de suivre
le train des programmes qui continue de rouler dans la classe…
La
CGT
Éduc’action est très dubitative face à
cette étude. Elle
s’interroge tout d’abord sur son
caractère scientifique qui ne se base que sur des
données statistiques partielles sans enquête de
terrain. De plus, ces données (étude
d’une cohorte d’élèves
entrant en CP en 1997 jusqu’à la 5ème)
confiées par la Direction de
l’Évaluation et de la Perspective (DEP) du
ministère avaient-elle pour objectif initial une
étude précise des RASED ou ont-elles
été utilisées indirectement avec tous
les manques en découlant ?
Par
ailleurs, la comparaison qui est faite sur l’impact des
remédiations RASED avec le rôle des enseignant-es
étiqueté-es « Plus de maîtres que de
classe » est inopérante et fallacieuse car ce dispositif
n’existait pas à la même
époque ! On croit surtout voir ressurgir le
fantôme du ministre Darcos vantant l’aide
personnalisée comme substitut des RASED et justifiant la
suppression de 5 000 postes.
Pour
la CGT Éduc’action, la sortie de cette « étude »
n’est pas le fruit du hasard. Elle coïncide avec la
mise en place par le MEN de la nouvelle formation
spécialisée, le CAPPEI (Certificat d’aptitude
pédagogique aux pratiques de l’éducation
inclusive), qui vise à supprimer définitivement
les RASED. Noyant l’enseignement adapté dans le
handicap, elle fusionne les métiers des Réseaux
sans distinguer adaptation et rééducation. Elle
trouve ici une légitimation « scientifique » pour consacrer la
fin du métier de rééducateur-trice
(fin du suivi individuel des élèves hors la
classe) et invite fortement les maître-sses
d’adaptation à ne fonctionner qu’en
co-intervention.
Après
l’offensive de 2008 supprimant des milliers de postes de
RASED (jamais rétablis par l’actuel gouvernement),
l’enseignement adapté fait face à une
nouvelle offensive idéologique de l’actuel
gouvernement visant à le détruire au nom de
l’École inclusive.
La
CGT Éduc’action poursuit son combat contre cette vision et
pour que l’École prenne réellement en
compte les difficultés scolaires avec des personnels
spécialisés. Elle n’est pas
opposée aux évaluations du système,
mais uniquement pour questionner les pratiques, les
améliorer et innover. Par contre, elle condamne cette
opportune et pseudo « étude » scientifique (de même
que le CAPPEI) car ce n’est pas à la science de
valider ou non des dispositifs pédagogiques ou de justifier
une politique ministérielle. La CGT
Éduc’action se prononce au contraire pour le maintien et le
renforcement des trois métiers du RASED.
le 14 février 2017