En mai, refaisons ce qu’il nous plaît La Chronique de Zirteq
Sevré de 1er mai l’an dernier, je m’étais juré que celui de 2021, je ne le raterai pour rien au monde. La veille, j’ai donc religieusement posé sur mon tourne-disque Phillips orange, « Chansons de révolte et d’espoir » de Marc Ogeret, que j’ai écouté en boucle et au casque pour ne pas réveiller femme et filles.
Parce que, comme beaucoup de gens, je ronge mon frein depuis un bail, je couve quelque chose, un magma de frustration et de colère bouillonne en moi.
Depuis un an, nous sommes finalement des cocottes-minutes, respectueux de tous les interdits, règles, recommandations, sanctions, répressions émises par Résident de la République et sa clique de sinistres. Et quand certains d’entre nous sifflent, expulsent de la vapeur, pètent de rage, on les tonfate, les jugule, les menotte, les culpabilise, les chloroforme. Et c’est peut-être ça qui me débecte le plus.
« Tenir ensemble » nous placarde-t-on, nous serine-t-on partout.
Ceux d’en-haut nous vendent de la solidarité en pilule, nous promettent un monde paisible où nous pourrons à loisirs boire une chope à terrasse d’un troquet, acheter des fringues ou faire un barbeuque sous la surveillance de drone de la Droiture.
Ceux d’en-haut nous préparent une année de merde, purulente du rejet de l’Autre, goîtrée d’angoisse, où la lutte contre le terrorisme, où la sacro-sainte sécurité pour tous phagocytera tous les débats. Faire peur, produire de l’anxiogène. Mentir. Communiquer.
Nous entrons, déroutés, dans une année pré-électorale et bien sûr, nous pataugeons toujours dans ce putain de monde d’avant. Ce monde que Jupiter himself disait révolu. Soyons-en certains, le monde d’après, consortiums , multinationales et autres plateformes nous le concoctent : copie conforme…du monde d’avant.
Samedi 1er mai, nous sommes allés en famille, place de la Liberté dans un centre-ville fantomatique. Il pleuvait des cordes et nous nous sommes dit qu’il n’y aurait pas grand monde. Nous fûmes vite rassérénés.
Les camions des syndicats étaient en ordre de bataille, bourrés de décibels. La banderole de tête était flambant neuve. Fanfares et battucadas étaient bruyantes, vivantes. Les vendeurs de muguet aux anges. Les drapeaux claquaient dans un vent de fronde et quand le cortège s’ébroua, direction l’hôtel de ville, nous étions serrés contre plein d’amis et de gens que nous retrouvions physiquement et plus en visio ou via les réseaux sociaux.
Je vous jure que nous avions le coeur gonflé de force.
Re-battre le pavé. Enfin.
Quand une sono passa « L’Internationale » interprétée par Ogeret, nous eûmes une sacrée chair de… foule.
Zirteq, 121ème jour