Dossier Maternelles
Le Sinistre Blanquer veut changer les programmes de maternelle de 2015. La CGT Éduc’Action avait porté à l’époque un regard favorable sur ces programmes. Blanquer, continue sa politique de casse du Service Public. La CGT Éduc’Action entend combattre cette politique réactionnaire. Nous publions une série de contributions de militant-es de la CGT Éduc’Action sur ce thème.
Contributions de militant-es de la CGT Éduc’Action -3-
Enseignante depuis 1983 et fille d’enseignants, je suis tombée dans la pédagogie Freinet lorsque j’étais enfant. C’est donc naturellement que j’ai choisi cette pédagogie, étant incapable de « faire classe » autrement…
J’ai aussi, naturellement privilégié les classes multi âges dans lesquelles ont connaît les enfants, on les suit sur plusieurs années, on se donne le temps…
J’ai travaillé en cycle 1 et cycle 2 essentiellement et me voila de retour en maternelle depuis 2015, date des derniers programmes qui, je dois le dire, sont assez proches de ce que nous préconisons dans nos classes du mouvement Freinet, avec, cerise sur le gâteau, le cahier des réussites que nous sommes nombreux/ses à avoir mis en place bien avant 2015 pour suivre les progrès des enfants à leur rythme.
Et voila que l’on nous propose de nouveaux programmes pour ma maternelle qui ne tiennent absolument pas compte de la réalité d’un enfant de ce cycle et veulent, non pas préparer au CP, mais aux ÉVALUATIONS du CP !! On croit marcher sur la tête…
Déjà nos collègues de cycle 2 avaient vus leur marge de manoeuvre réduite dans le choix de méthode de lecture avec le « petit livre orange », et la plupart contraints à une entrée en résistance, mais maintenant, si le CSP est approuvé, nous allons nous retrouver dans l’illégalité la plus totale et les mouvements pédagogiques proches de l’école aussi… Peu à peu la liberté pédagogique nous est retirée pour forger des enseignants bien obéissants et dans le moule, il va nous falloir être très, très vigilants !
Laisser la vie entrer en classe, tenir compte de ce que l’enfant est ou apporte, de ses émotions et de ses appréhensions, tout cela ne sera plus possible…
De plus ce nouveau texte ne dit rien de l’éducation artistique, ni de la motricité, deux domaines qui tiennent pourtant une part prépondérante dans le développement premier de l’enfant.
Voici ce que nous trouvons dans la note de propositions :
. « En 2014 et en 2015, l’élaboration de ce programme était guidée par une vision générale de l’enfant mettant l’accent sur son développement comportemental et psycho-cognitif. La loi rendant obligatoire l’instruction dès l’âge de 3 ans invite à reconsidérer ses priorités et ses finalités, et à veiller à la construction progressive, mais effective des apprentissages. »
Il est vrai que jusqu’à présent nous ne faisions que de la garderie et que tout le travail fait en classe ne servait à rien ! 🙁
Et il est vrai aussi que du fait de la scolarité obligatoire, les enfants entrant à l’école maternelle seront devenus dès 3 ans des enfants prêts à entrer dans des apprentissages de cycle 2 sans passer par le développement comportemental et psycho-cognitif leur permettant d’être plus sécures pour aborder ses apprentissages…
« Un groupe de travail constitué en son sein se penche particulièrement sur la petite enfance et sur les conditions métacognitives qui favorisent, dès le plus jeune âge, les apprentissages fondamentaux, la lecture et l’écriture, mais aussi les mathématiques. »
Etude de la langue et mathématiques, voila ce qui attend nos élèves de 3/6 ans ainsi que bien sûr, « l’importance d’évaluer les enfants dès l’école maternelle, notamment au moyen de livrets de jeux. » et ceci dès 3 ans !
On peut aussi lire : « qui fixe, pour chacune des trois années du cycle, les objectifs à atteindre conditionne la mise en oeuvre de cet enseignement. « Voici encore une atteinte aux cycles, qui permettent aux enfants d’évoluer à leur rythme durant les 3 années d’école maternelle, les voila déjà dans des cases s’ils n’ont pas les attentes de fin de Petite Section… Et l’avantage des classes multi âges nié lui aussi. On redécoupe et on Il est aussi quelques passages dans le texte qui personnellement me font penser à des heures sombres de notre histoire (mais je dois voir l’esprit malsain) : « Cette langue, facteur de cohésion nationale et de rayonnement culturel, constitue le socle de son identité en France et dans le monde. Vecteur d’échanges et de culture, elle joue un rôle primordial dans le parcours de formation et l’insertion sociale et professionnelle des individus. La langue française est, en effet, au coeur du pacte républicain. «
Tout comme : « . Ce sont là tous les enjeux de cet apprentissage et de la perspective qui s’ouvre à chacun : gagner un peu de pouvoir sur le monde et sur les autres. » J’avoue que je ne comprends pas… Le retour de la compétition dès 3 ans ? Pas pour moi !
Je ne m’attarderais pas plus sur les mathématiques, avec un paragraphe entier qui nous demande de travailler sur le positionnement des nombres sur la ligne numérique (pour réussir l’exercice aux évaluations du CP)
Je ne veux pas enfermer les enfants de ma classe dans une école-prison où on n’apprendrait qu’à réussir des évaluations. Je veux pouvoir continuer à sortir dans mon coin de forêt et travailler les langages pendant et après ces sorties, à peindre et à bricoler, tout en construisant une culture de classe à partir des productions des enfants, à aller au musée, à danser, à chanter, à PARTAGER, à rire…
Notre école maternelle doit rester celle de l’enfance et de la « bienveillance », des premières découvertes et d’une socialisation sereine.
Un enfant de 3 ans a besoin de toucher, d’expérimenter, de créer, de tâtonner… pas de passer son temps à être évalué et réévalué, pas de se voir voler son enfance…