Dossier Maternelles
Le Sinistre Blanquer veut changer les programmes de maternelle de 2015. La Cgt-Educ’Action avait porté à l’époque un regard favorable sur ces programmes. Blanquer, continue sa politique de casse du Service Public. La Cgt-Educ’Action entend combattre cette politique réactionnaire. Nous publions une série de contributions de militant-es de la Cgt-Educ’Action sur ce thème.
Contributions de militant-es de la Cgt-Educ’Action -1-
Enseignant en grande section de maternelle depuis maintenant une bonne vingtaine d’année, je dois dire que j’avais accueilli plutôt favorablement les programmes de 2015 . En effet, y étaient affirmées la nécessité du plaisir de l’apprentissage, la reconnaissance de rythmes d’acquisition différents selon chacun et la notion de progrès, l’importance primordiale du jeu pour le développement cognitif des jeunes enfants ( on avait presque oublié cette évidence) et le quasi renoncement aux fiches de « travail » (Ouf !!! Restait à expliquer aux parents que leur enfant pouvait travailler, progresser sans que cela ne se traduise par une production quotidienne de « fiches ».)
Enfin, pour être honnête, je crois que nombre d’entre nous n’avaient pas attendu les programmes de 2015 pour s’attacher à d’abord faire aimer l’école aux enfants. Nous essayions déjà de rendre nos enseignements les plus ludiques et les plus plaisants possibles car nous savions que c’était là la condition première de leur efficacité. De même, l’idée me semblait faire consensus que ,pour apprendre, progresser se construire et devenir, avoir une bonne estime de soi est indispensable .Nous avions aussi, je crois, le sentiment diffus que si les nombreuses fiches collées dans les cahiers des enfants n’avaient peut être pas fait réellement progresser ces derniers, au moins permettaient elles de rassurer les parents quant à notre « sérieux « .
Bref ! En 2015, ma patience payait enfin !!! Je pouvais continuer à enseigner comme je le faisais déjà tout en m’affranchissant de ces fiches imbéciles . Et tout cela le cœur léger, surpris d’être enfin un peu conforme à la mode ministérielle.
Aujourd’hui, comme hier, je m’efforce donc à créer les situations d’apprentissage qui permettront à mes élèves d’acquérir plus tard les outils nécessaires à leur indépendance, à la capacité à porter une réflexion critique et à la construction de leur citoyenneté.
Je crois que c’est parce qu’il est confronté à des situations où la maîtrise de certains outils ( lecture, écriture, logique…) s’avère utile que l’enfant sera porté à développer ces derniers. Ainsi en va-t-il, de la lecture ( dernière lubie ministérielle ). L’apprentissage systématique visant à la maîtrise du code ne rendra probablement pas les élèves lecteurs ( j’en veux pour preuve, nombre de gens de ma génération qui, ayant étudié le grec ancien au collège, sont capables de le lire couramment tout en dansant le sirtaki mais sans n’y rien comprendre ). En revanche, il y a fort à parier que, pour les enfants rencontrant des difficultés, cet apprentissage aride et ardu, hors-situation vraie , n’entraine une aversion pour la chose écrite.
Il me semble que, pour que les enfants acquièrent ces outils indispensables à leur indépendance et à leur liberté, que sont la maîtrise de la lecture et de l’écriture, il faut avant tout rendre ces dernières utiles sinon nécessaires. Donc, multiplier les situations d’apprentissages où les enfants seront amenés à communiquer avec des tiers absents, à conserver par l’écrit des récits de situations ….