solidarité…
style="color: rgb(0, 0, 0); font-family: Calibri; font-weight: bold;">Deux militants qui ont aidé des
réfugié-es dans la vallée de la Roya,
sont traduits en justice pour ce délit de
solidarité.
La Cgt-Educ’Action les soutient et appellera aux actions de soutien qui
seront organisées… Voici les 2 textes qu’ils ont
écrit… Parce
qu’il ne faut pas opposer les misères mais les combattre,
leur combat est le nôtre…
prévenus
« La
vallée de la Roya, connue par
l’emblématique «Vallée des
Merveilles», serpente sur les territoires français
et italien à l’image de l’Europe : image ou mirage
de Liberté, d’Egalité et de
Fraternité portée à un
peuple oppressé par des dictatures, des guerres,
où l’implication de nos Etats impacte la condition humaine
dans ces pays.
des enfants, des hommes, chassés par la guerre et la
dictature, chassés de leur pays, de leur ville, leur
quartier, leur famille, traversant désert et mer, finiront
pour beaucoup par appartenir à cette
« mer au milieu des terres »,
accueillant à elle seule la plus grande et la plus morbide
des destinations.
chanceux arrivent enfin sur la terre «des
sages», « doués de
raison et de conscience, agissant les uns envers les autres dans un
esprit de fraternité ».
Terre
connue pour ses valeurs fondant notre République, notre
fierté; valeurs où le droit humain, la famille,
l’enfant sont au sommet de la hiérarchie des droits.
Nous
avons été éduqués par et
pour ces valeurs.
Et
voilà que nos fondamentaux s’ébranlent
à la vue de quelques milliers de
réfugiés en Europe.
vallée de la Roya, nous sommes las d’être
spectateurs de cette crise humanitaire orchestrée par nos
élites politiques, synthétisée par les
accords de Dublin, accord confortant une politique populiste et
irresponsable.
des femmes, des enfants, marchant des jours et des jours au
péril de leur vie, ils tentent de passer la
frontière, sur les chemins, sur la voie ferrée,
l’autoroute, frôlés par les camions, les trains,
et parfois percutés. Ces gens tentent de rejoindre femme,
frère, mari, cousin, ou amis en Allemagne,
Suède, Angleterre… La frontière est
fermée aux Humains, non aux marchandises sous
prétexte de crise. Mais qui est réellement
responsable de cette crise ?
faire ?
A qui
appartient le devoir d’agir ? Est-ce à
nous simples citoyens de nous substituer un devoir d’Etat ?
Quelle
est la réponse des pouvoirs publics à nos
actions ?
avons agi !- Oui nous
avons accepté de porter secours à ces
enfants, ces familles ! - Oui nous
avons peur de voir ces jeunes adolescentes seules à
Vintimille, prêtes à monter dans un fourgon sans
connaître la destination finale !
Nous
nous sentons impuissants et à la fois responsables.
En
leur portant secours nous avons enfreint la loi, non par irrespect de
la justice, mais pour que la condition humaine prône avant
tout.
- Exigeons
que les pouvoirs publics fassent leurs devoirs. - Exigeons
que l’Etat respecte les lois. - Exigeons
que le protocole de renvoi à la frontière soit
respecté. - Exigeons
que les mineurs isolés cessent d’être
systématiquement reconduits à la
frontière et exigeons que l’Etat français, Etat
souverain, accepte que ces réfugiés puissent
demander l’asile une fois sur le territoire et que ces
réfugiés puissent accéder à
leurs droits.
Parmi
nous, des acteurs solidaires aux réfugiés sont
menacés de 5 ans d’emprisonnement
et de 40 000 euros d’amende pour avoir porté assistance
à des femmes, enfants et jeunes hommes mis en danger par
l’entrave à la libre circulation sur le sol
européen. Le désengagement des pouvoirs publics
face à cette crise humanitaire, qui bafoue ainsi le droit
international, la Convention de Genève et les droits de
l’Homme, nous amène à agir et nous avons
agi. »
Herrou
Pourquoi
j’ai aidé des réfugiés
J’ai 45 ans et 2 enfants. Je suis
fonctionnaire de l’Éducation Nationale,
Ingénieur d’Étude dans un laboratoire de
recherche du CNRS / Université
Nice Sophia Antipolis. Je suis également enseignant au département
de Géographie de la Faculté des Sciences et
Membre du Conseil
Scientifique Régional du Patrimoine Naturel
Provence-Alpes-Côte–d’Azur.
Je n’étais pas jusqu’à
présent militant politique ou associatif.
Dans
ma famille on est Corse. J’ai passé toutes mes
vacances au village dans la maison de mon grand-père, le
médecin du canton qui faisait ses visites
à cheval. Au village, presque 50 ans après sa
mort, les gens en parlent
encore car que ce soit en pleine nuit à l’autre
bout du canton, que
ce soit un bandit blessé ou un paysan qui n’ait
pas de quoi payer, il
soignait. Dans les récits que me racontait mon
père et dans les
expériences que j’ai vécu
là-bas, j’ai appris et compris qu’on ne
laisse pas
quelqu’un en danger sur le bord de la route,
d’abord parce que c’est la
montagne mais aussi parce que c’est une question de
dignité. Ou d’honneur
comme on dit.
J’ai
la chance d’avoir des enfants et en tant que père
avec la garde partagée,
j’ai pris cette tâche pas évidente
très au sérieux. Pas évidente
car aujourd’hui le monde va mal que ce soit d’un
point de vue social
ou environnemental alors au delà d’une
“bonne situation”, ce que je
souhaite pour mes enfants, c’est qu’ils soient
l’espoir d’un monde meilleur.
Le
Dimanche 16 octobre en rentrant en voiture de la fête de la
brebis à la
Brigue avec ma fille de 12 ans, nous avons secourus 4 jeunes du Darfour.
Ce village français est dans la vallée de la Roya
qui est frontalière
de Vintimille en Italie. C’est dans cette vallée
que sont régulièrement
secourus hommes mais surtout femmes et enfants qui se trouvent
sur ces routes de montagnes et qu’on appelle migrants. Ces 4 jeunes
étaient complètement perdus et se dirigeaient
à pied, certains en bermuda,
vers les montagnes enneigées. Avec ma fille on les a
ramené à Nice,
ils ont mangé et dormi avec nous dans mon appartement de
40m². Le lendemain
comme tous les jours d’école nous nous sommes
levés à 6h15. Ils
sont venus avec moi déposer ma fille à
l’école puis je les ai déposé dans
une petite gare peu surveillée par la police et je leur ai
payé un billet
de train pour la première partie du trajet. Ils devaient retrouver
leur famille à Marseille.
C’était
ma première action de secours envers ces
“migrants”. Pourquoi je l’ai
fait ce jour là ? Jusqu’à
présent avec mes enfants j’avais
déposé des
vêtements à la croix rouge à
Vintimille, des chaussures, un sac à dos,
pour aider mais aussi pour leur montrer qu’il y a des
injustices dans
le monde et que chacun de nous peut faire quelque chose… Là c’était
la deuxième fois que je voyais un groupe sur le bord de la route.
La première fois j’avais
hésité, je n’avais pas eu le courage, mais
cette fois ci il y avait ma fille et j’ai pu lui montrer
l’exemple.
Le
lendemain lundi 17 octobre, après une soirée chez
des amis dans cette même
vallée, sur le retour vers Nice, je décide de
m’arrêter dans ce camp
pour migrant à St Dalmas de Tende, un bâtiment
désaffecté pour colonies
de vacances de la SNCF qui a été ouvert en
urgence quelques heures
auparavant, sans autorisation, par un collectif d’associations dont la
Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et un tas d’associations
nationales et locales. L’ouverture de ce lieu à
fait l’objet
d’un communiqué de ces associations dans les
médias. Je sais bien
que mon retour vers Nice est une opportunité d’en
sortir quelques-un
de ce lieu sans eau ni électricité et ou la
température en pleine
nuit ne doit pas dépasser 10 degrés. Je
décide d’en ramener chez moi et
de les déposer à la gare le lendemain.
Ce
sont 3 filles qu’on vient d’aller chercher
à l’étage. Elles sont contentes
de ma proposition me dit-on car elles sont attendues par une association
à Marseille pour être soignées. Quand
je les vois mon coeur se
déchire. Elles ont peur, elles ont froid, elles sont
épuisées, elles ont des
pansements aux mains, aux jambes, l’une boite en faisant des grimaces
de douleurs et l’autres ne peut pas porter son sac avec sa
main blessée.
J’apprendrais plus tard que l’une d’elles
est la cousine de la jeune
fille tuée sur l’autoroute vers Menton quelques
semaines avant. Elles
ne parlent ni français, ni anglais. Il faut marcher une
centaine de
mètres pour rejoindre ma voiture et cela prend
très longtemps car l’une
marche très difficilement. J’en profite pour
essayer de savoir de quel
pays elles sont. Erythrée. Une fois dans la voiture, je
constate qu’elles
n’ont jamais utilisé de ceinture de
sécurité. Je suis dans l’embarras
de m’approcher d’elles qui ont peur pour leur
mettre la ceinture.
Elles n’ont pas peur de moi mais dans leurs yeux je lis qu’elles
savent que rien n’est gagné. Il ne faut pas
être un génie pour comprendre
qu’au long des 6000 km qu’elles ont fait pour
arriver jusqu’ici,
elles ont fréquenté la mort et le
cortège d’horreurs qu’on n’ose
imaginer. Je démarre avec à mon bord ces filles
dont je dois prendre
soin et que je dois amener à bon port.
J’éteins la radio, la situation
est suffisamment incroyable.
Nous
n’arriverons pas à Nice. Au péage de la
Turbie les gendarmes nous arrêtent
et nous conduisent à la Police de l’Air et des
Frontières. Ils m’ont
séparé des Érythréennes. Ce
n’est pas clair ce qu’ils ont fait d’elles
mais je ne crois pas qu’elles aient été
soignées. Elles auraient été
renvoyées au sud de l’Italie comme ça
se fait souvent. Les policiers m’ont
dit qu’au moins l’une d’elle
était mineure. Je n’ai pas réussi
à les
protéger.
Après
36h de garde à vue, j’ai été
libéré sous contrôle judiciaire. Ma voiture
a été saisie ainsi que mon
téléphone et je n’ai pas le droit de quitter
Nice sauf pour emmener mes enfants à
l’école mais il n’y pas de transport
en commun à moins de les réveiller à
5h30 du matin. Mon procès est
renvoyé au 23 novembre 2016 à 13h30 à
la même audience que Cédric Herrou
membre d’associations humanitaires qui est
également poursuivi pour
avoir aidé des étrangers.
Le lendemain de ma libération, alors que, coup du
sort, j’effectuais un point
de compression sur un accidenté de la route qui se vidait de
son sang
en bas de chez moi, un “jeune migrant” est mort
percuté par une voiture
sur l’autoroute à Menton, il a
été projeté par dessus le parapet du
viaduc et a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres.
Venu du bout
du monde, perdu sur l’autoroute et mort à 20 km de
chez moi.
Mon
geste n’est ni politique, ni militant, il est simplement
humain et n’importe quel citoyen lambda aurait pu le faire et
que ce soit pour l’honneur
de notre patrie, pour notre dignité d’hommes
libres, pour nos valeurs,
nos croyances, par amour ou par compassion nous ne devons pas laisser
des victimes mourir devant nos portes. L’histoire et
l’actualité nous
montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus
grandes horreurs
et pour que l’histoire ne se répète
plus, nous devons valoriser la
solidarité et éduquer nos enfants par
l’exemple.