Déclaration
de la Cgt-Educ’Action au Conseil Supérieur de
l’Education du 26 janvier
A
quelques mois d’échéances
électorales nationales, on assiste depuis plusieurs mois
à la volonté du gouvernement et du
ministère de finaliser certains dossiers jugés
urgents et majeurs. Si on peut louer cette volonté de
travailler jusqu’au bout du mandat, nous regrettons que tout
ne soit pas mis en place pour que les dossiers soient correctement
traités et que les temps de concertation, dans un dialogue
social convenable, ne soient pas suffisants. La
précipitation n’est pas la meilleure
façon de travailler pour arriver à des
résultats satisfaisants et certains dossiers
mériteraient davantage de temps ou auraient pu
être traités bien avant…
Au
premier rang de ces dossiers que nous jugeons prioritaires, il y a
celui de la revalorisation des rémunérations des
personnels de l’Education nationale. Nos collègues
ont dû subir l’austérité de
quinquennat Sarkozy et espéraient que la priorité
faite à l’Education par le candidat Hollande
porterait ses fruits dès 2012 avec entre autre, une
revalorisation des missions et des carrières, mais surtout
avec une revalorisation de leurs rémunérations.
Et dire, que face au nouveau gel du point d’indice, la
déception a été forte est presque
faible. Dans ces conditions, la CGT Éduc’action
s’est rapidement positionnée contre la mise en
place du PPCR considérant que les propositions faites par le
ministère étaient bien trop
éloignées des besoins et des rattrapages
nécessaires pour les personnels. Nous savons que les avis
divergents ici, mais les chiffres sont bien réels et
suffisamment parlants pour qu’ils soient repris.
En
l’état, le rattrapage instauré
dès 2017 (qu’il soit fait par
l’intermédiaire de l’augmentation du
point d’indice ou des nouvelles grilles salariales) ne
permettra pas de compenser la perte de 14 % de pouvoir
d’achat subi par les collègues depuis
l’an 2000. Surtout, en ce en dépit d’une
forte communication, les comparatifs entre les anciennes et les
nouvelles grilles indiquent que les revalorisations tant
vantées par le MEN seront très
limitées et que les seul-es qui pourraient en
bénéficier à terme, seraient les
personnels qui bénéficieront d’une
hypothétique intégration dans le 3ème
grade (Classe exceptionnelle).
Et comme seulement 10 % de l’effectif d’un corps
pourra y accéder, on peut maintenant dire que
l’immense majorité des personnels
concernés ne sera pas revalorisée.
Et
que dire avec l’actualité de ce matin
où nous apprenons que cette énorme revalorisation
ne pourra être effective dès janvier 2017 mais
sera retardée à mars. Nous en profitons pour
rappeler que nous mènerons une action intersyndicale
nationale le 1 février pour rappeler notre opposition
à l’ensemble du PPCR.
Autre
question d’actualité et trop rapidement
traitée à notre goût, celle du
traitement de la difficulté scolaire et du handicap. Depuis
plusieurs mois, dans un calendrier très contraint par le
MEN, les groupes de travail s’enchainent autour des
indemnités des personnels travaillant dans
l’enseignement spécialisé, des
circulaires SEGPA et EREA ou du devenir des RASED ou des psychologues
scolaires.
Aujourd’hui,
à l’heure où nous aurons à
discuter du décret du futur CAPPEI, nous
dénonçons cette marche forcée vers une
Ecole inclusive qui ne répond pas complétement
aux attentes du terrain, attentes exprimées par les
personnels concernés ou les usagers. Pire encore, nous
dénonçons la volonté du MEN de vouloir
gommer la difficulté scolaire au seul traitement du handicap
pour estomper l’échec scolaire imputable
à l’institution. Nous y reviendrons plus tard.
La question de l’Education prioritaire est aussi
symptomatique des réformes engagées, mais pas
complétement terminées. Si l’on peut
considérer que quelques moyens ont été
mis dans les REP et REP +, les grands oubliés de l’affaire
sont aujourd’hui les lycées, contrairement aux
engagements pris par Madame la Ministre au moment de la
réforme.
Les nombreuses journées nationales de mobilisation pour le
maintien des lycées en Éducation prioritaire ont
certes permises d’arracher des concessions au
ministère : extension dans le temps des clauses de
sauvegarde pour les indemnités des personnels et les
bonifications liées au mouvement des personnels, annonce de
450 emplois réservés aux lycées les
plus « difficiles ».
Toutefois,
à ce jour, la revendication légitime des
personnels n’est toujours pas entendue, à savoir
le classement immédiat en Éducation prioritaire
des lycées anciennement classés et
l’établissement d’une liste
élargie sur des critères sociaux transparents et
partagés, accompagné d’une diminution
réglementaire drastique des effectifs par classe par
l’attribution de moyens à la hauteur des
difficultés des élèves issu-es des
classes populaires…
La
CGT Éduc’action
tient à saluer cette lutte exemplaire par sa
durée comme par son organisation démocratique en
assemblées générales
d’établissement.
Exemplaire aussi parce qu’elle défend
l’idée d’une École
émancipatrice en donnant plus à celles et ceux
qui ont moins. Pourtant, c’est par le mépris
qu’a choisi de répondre le ministère
aux personnels mobilisés.
Mépris
parce que Madame la Ministre se lance dans une forme de chantage
électoral en annonçant que les lycées
seraient classés après les élections
présidentielles si l’actuelle majorité
était reconduite.
Mépris
encore, quand elle en déduit que la mobilisation des
personnels s’adresse à l’opposition et
que les personnels lui font confiance pour
l’établissement de cette liste.
Mépris
enfin, quand le ministère refuse de recevoir une
délégation de grévistes, alors que la
manifestation nationale du jeudi 19 janvier a été
une réussite, et qu’une cinquantaine de
représentant-es de lycées mobilisés de
Marseille mais aussi d’autres académies,
souhaitaient lui présenter leurs revendications.
Dans
ce contexte, la CGT
Éduc’action renouvelle son soutien à la
demande d’audience des personnels en lutte. Elle exige
également que la Ministre reçoive
l’intersyndicale nationale comme cette dernière le
lui a demandé en décembre par un courrier,
courrier resté sans réponse à ce jour.
Elle appelle tous les personnels des lycées relevant ou
devant relever de l’Education prioritaire à la
grève demain vendredi 27 janvier.
Enfin,
que dire de cette actualité politique qui
télescope l’Ecole et notre institution comme
c’est le cas à Nice ? Comment ne pas condamner la
décision du conseil municipal de Nice du 17 janvier de
recruter 130 policier-ères municipaux-ales qui seront
affecté-es avec leur arme à
l’intérieur des enceintes des écoles maternelles
et élémentaires de la ville ?
Cette décision est une nouvelle escalade dans la politique
menée par les élu-es locaux-ales visant
à maintenir un climat sécuritaire pesant sur la
ville et ses concitoyen-nes, et qui se relève être
un jeu politique dangereux en cette période
électorale.
Si
nous sommes conscient-es de la nécessité
d’assurer aux abords des écoles, sur la voie publique, la
sécurité des enfants et de leurs parents, cette
décision, sous cette forme-là, nous
apparaît comme totalement déconnectée
de la réalité de
l’intérêt des enfants et des
équipes pédagogiques. Elle ne fait
qu’exploiter les craintes légitimes de la
population sans apporter la réaction mesurée,
efficace et professionnelle qu’elle est en droit
d’attendre de la part de ses élus-es.
La
CGT
Éduc’action condamne donc fermement
l’idée que des policier-ères armé-es
soient affecté-es à l’intérieur
même des établissements scolaires et
dénonce cette décision prise de façon
unilatérale sans l’avis de l’Education
nationale. Nous sommes d’ailleurs toujours dans
l’attente d’une réponse de Madame la
Ministre suite à notre interpellation…
La
CGT
rappelle qu’elle combattra fortement et frontalement toute
politique démagogique jouant sur les peurs entretenues
volontairement et rappelle que toutes les menaces ou politiques de la
peur ne nous éloigneront pas de notre conception
démocratique et progressiste d’une
société à construire au quotidien.