Contractuel·les 1er degré, du fantasme à la réalité!
L’arrivée « massive » de contractuel·les dans le 1er degré est une nouveauté (sauf dans certains départements de la région parisienne).
En 2 ans nous en sommes déjà à 210 contractuel·les dans les Alpes Maritimes, soit près de 4% des collègues.
Comment en sommes nous arrivés là?
Le manque d’attractivité du métier en est l’une des causes, mais:
- Il serait faux de dire que les postes aux concours ne sont pas pourvus par manque de candidat·es alors que nationalement il y a plus de 5 candidat·es par poste mis au concours, dans les Alpes Maritimes plus de de 5,5. Même si on sait que la déperdition entre les inscrit·es et les présent·es réel·les au concours est importante, c’est de une fausse affirmation!
Rappelons à toutes fins utiles, ce qui est l’un des principes fondamentaux issus de la Révolution Française:
- Les concours ne sont pas des examens mais sont là pour départager celles et ceux qui à diplômes équivalents exigés pour tel ou tel emploi de la Fonction Publique sont les « meilleur·es » d’entre eux·elles.
- On peut alors s’étonner du choix des jurys des concours de ne pas pourvoir tous les postes et de ne pas classer celles et ceux qui arrivent après le nombre de places mises au concours pour permettre le recrutement de Listes Complémentaire en cas de besoin.
- Ce phénomène connu depuis des décennies dans le second degré pour les CAPES commence à atteindre le 1er degré, et le concours 2023 dans l’académie de Nice en est l’illustration puisque 1 poste n’a pas été pourvu et que de fait il n’y a pas eu de Liste Complémentaire pour le Concours Externe qui aurait pourtant été fort utile.
De 2 choses l’une, soit les diplômes universitaires ne valent plus rien, le célèbre discours tenu depuis 50 ans sur le niveau qui baisse!!! Soit les jurys de concours outrepassent le droit républicain!!!
La pénurie ça s’organise! Exemple:
- Dans les Alpes-Maritimes le nombre de postes vacants dépasse déjà le nombre de postes mis au concours pour l’Académie entière, y compris avec le maintien de tous·tes les contractuel·les actuellement en poste.
- Rajoutons que le nombre total de postes mis aux 3 concours dans l’académie de Nice est inférieur de 63 postes à celui de l’an passé!
Il s’agit donc bien d’une volonté politique et le recrutement de contractuel·les indispensables pour le fonctionnement du Service Public découle de cette volonté!
Quel est le sort réel des contractuel·les recruté·es?
- Dans les AM 210 contractuel·es au 4 mars dont 209 en CDD et 1 en CDI
- Pour la rentrée, ils et elles seront nommé·es CZR (Contractuels sur Zone de Remplacement). Rattachés à une école. Ils·elles auront des postes à l’année ou des remplacements (dans un rayon de 30km) en fonction des besoins. Pas de frais de déplacement (contrairement aux BD).
Leur « carrière » est elle équivalente? Non:
- Le changement d‘échelon se fait tous les 3 ans (sauf avis défavorable).
- Pour un titulaire tous les 2 ans 4 mois en moyenne et beaucoup moins pour les échelons de début de carrière.
- Le déroulement de carrière n’est pas le même : les salaires non plus!
- Il·elles ne seront jamais titulaires d’un poste!
Quelques exemples :
- Au bout de 15 ans un·e contractuel·e a un salaire équivalent à un PE titulaire au bout de 8 ans !
- Il faut 36 ans à un contractuel pour atteindre le salaire d’un PE titulaire avec 27 ans de carrière et 48 ans !!! d’ancienneté pour atteindre l’indice terminal de l’équivalent de la Hors Classe qu’atteint au plus tard un PE au maximum en 38 ans!
Quand à la retraite elle est calculée sur l’indice atteint 6 mois avant la retraite mais pour les contractuel·es sur les 25 meilleures années!
Si dans le second degré le fait d’être contractuel·les peut permettre d’éviter le mouvement national qui peut les envoyer dans toute la France dans le 1er degré c’est un concours académique!
Les contractuel·les ont il·elles la garantie d’emploi?
- Non
La volonté de l’Etat-Patron de recruter des contractuel·les plutôt que des personnels sous un statut de fonctionnaires est une manière de remettre en cause les statuts de la Fonction Publique d’Etat et d’aller vers la privatisation. Nous sommes passés en quelques années de 14% de contractuel·les à près de 25% (cela est dû en grande partie au recrutement d’AESH qui sont devenu·es de fait le 3eme corps de l’Education Nationale après les Professeur·es d’école et les Certifié·es.
Ce fait doit nous amener non pas à imaginer que nos collègues précaires seraient des privilégié·es mais à travailler à des revendications communes avec elles et eux.
Salaire brut et net de contractuel·les enseignant·es