Budget 2025 : pas question de payer la facture!
Vers un passage en force du gouvernement ?
Le budget de l’État n’est pas qu’un simple exercice technique ou comptable. Il reflète des orientations politiques qui touchent directement la vie des travailleur·euses et de leur famille. Chaque année, le PLF (projet de loi de finances), incarne les priorités du gouvernement et oriente les moyens alloués aux services publics et à l’avenir de notre modèle social.
La nomination de Michel Barnier laisse peu de doutes sur les orientations du nouveau gouvernement : il s’inscrit dans les pas de son prédécesseur. Il va même plus loin et s’apprête à réduire drastiquement les dépenses publiques de 60 milliards d’euros.
Le discours alarmiste sur la dette et le déficit ne sert qu’à justifier les politiques d’austérité.
L’austérité n’est pas une fatalité
Ce discours de la peur peut être facilement déconstruit. Ce choix politique vise à protéger les intérêts des plus riches et des grandes entreprises et des marchés financiers tout en sacrifiant la réponse aux besoins fondamentaux de la population.
Avec un gouvernement dont la survie repose sur des négociations précaires avec le Rassemblement national, il est essentiel de se préparer à défendre nos exigences et nos propositions.
Les réductions d’impôts successives en faveur des plus riches et des grandes entreprises ont contribué à fragiliser les services publics, notre bien commun indispensable.
Les dépenses publiques ne sont pas un fardeau, elles sont le reflet de nos choix collectifs pour construire une société plus juste et solidaire. Depuis plusieurs années, les services publics sont asphyxiés par des réductions budgétaires qui privent les travailleur·ses et les usager·es des moyens nécessaires.
Pourtant, on le sait, réduire les dépenses publiques ne crée pas de richesses, au contraire, cela affaiblit notre modèle social et augmente les inégalités. Investir dans les services publics, c’est investir dans l’avenir en assurant une éducation de qualité, un accès aux soins, et en soutenant l’économie locale.
Payer des impôts, c’est participer à la construction du bien commun
- écoles,
- hôpitaux,
- infrastructures,
- sécurité,
- justice…
Ces services publics profitent à l’ensemble de la population, indépendamment des niveaux de revenu.
Les impôts contribuent également à compenser les inégalités de revenus. Les personnes aux revenus plus élevés paient une part plus importante, ce qui permet de financer des aides et des services pour les personnes les plus vulnérables.
La réforme fiscale est une urgence absolue
Depuis trop longtemps, les cadeaux fiscaux se multiplient au profit des plus riches, affaiblissant les finances publiques et creusant les inégalités.
Entre 2017 et 2024, la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), l’instauration de la flat tax et les réductions de l’impôt sur les sociétés ont coûté 76 milliards d’euros à l’État.
Les entreprises, au nom de la compétitivité, ont été particulièrement bien servies. Pourtant, non seulement le niveau de fiscalité n’est pas le principal déterminant de la compétitivité, mais les entreprises en ont bénéficié indépendamment de leur productivité.
Les aides publiques ont été accordées sans aucune contrepartie.
Au-delà de la suppression de la redevance audiovisuelle et de la taxe d’habitation, ce sont les ménages les plus aisés qui ont bénéficié le plus de la générosité du chef de l’État. Le niveau de vie des 0,1 % de Français·es les plus riches a augmenté de 2,1 % du fait de la suppression de l’ISF et de 3,8 % du fait de l’instauration de la flat tax.
Ce budget 2024 doit être l’occasion de rompre avec les politiques de l’offre éculées qui privilégient la compétitivité à tout prix
Cette politique de l’offre a pourtant montré ses limites, le montant de la dette publique est passé de 2 281 milliards d’euros en 2017 à 3 200 milliards en 2024.
La hausse de la dette publique française s’explique principalement par la politique de l’offre menée sous Emmanuel Macron caractérisée par des baisses d’impôts bénéficiant principalement aux entreprises et aux ménages aisés. Cette stratégie visait à stimuler la croissance économique, mais ses effets ont été limités. Les réductions d’impôts ont surtout diminué les recettes.
La CGT appelle à une véritable réorientation des dépenses publiques vers des investissements qui répondent aux besoins réels de la population :
- revalorisation des salaires,
- des conditions de travail,
- financement des secteurs essentiels comme la santé, l’éducation et la transition écologique.
Par exemple, aujourd’hui, la plupart des revenus du travail sont soumis à l’impôt, alors que 80 % des revenus du capital (actions, obligations…) y échappent en grande partie. Ce décalage a creusé les inégalités et fragilisé nos finances publiques.
Il est temps que l’État assume pleinement son rôle de garant du bien commun et cesse de céder aux pressions des marchés financiers et des lobbies.
Pour la CGT, le PLF doit être orienté vers une véritable justice sociale et fiscale. Il est essentiel que les recettes fiscales soient utilisées pour renforcer les services publics, améliorer les conditions de travail et lutter contre les inégalités, plutôt que de poursuivre les politiques qui ne profitent qu’à une minorité.
C’est pourquoi la CGT propose de remettre en avant l’impôt progressif, ou encore de revoir l’impôt sur les sociétés en incitant les entreprises à investir dans des choses concrètes comme :
- la création d’emplois,
- la formation professionnelle,
- les augmentations de salaires,
- la transition écologique,
- la recherche,
plutôt que d’encourager la distribution de dividendes. Les choix politiques du président de la République et du gouvernement ne profiteront qu’à une minorité, sans un mouvement social de plus grande ampleur.