Blanquer c’est faire plus avec moins tout en disant le contraire …
Nous sortons d’un an et demi de pandémie qui a joué le rôle de révélateur du caractère destructeur du capitalisme et dont la gestion politique calamiteuse a fait exploser aux yeux de toutes et tous les carences générées par le modèle néolibéral dominant des quelques décennies précédentes : à commencer par les coupes budgétaires sur le système de santé d’abord mais aussi et bien entendu sur le système éducatif.
Pourtant, ce constat ne fait reculer en rien la bourgeoisie et la macronie qui persiste à vouloir s’attaquer plus encore à nos conquis et à notre bien commun.
Contre-réforme de l’assurance chômage, contre-réforme des retraites qui refait surface.
Des lois « sécurité globale » et contre « le séparatisme », aux pass-sanitaires ou encore aux dérives de notre propre ministre, nous voyons progressivement s’approfondir l’autoritarisme, les privations de liberté et l’islamophobie ce qui contribue au processus de fascisation actuel.
Toutes ces attaques, nous les subissons, à la fois en tant que citoyen·nes et militant·es mais aussi en tant que personnels de l’éducation puisqu’elles s’abattent sur nous comme sur les parents des enfants que nous avons la charge d’élever.
Blanquer, le ministre manipulateur, autoritaire, méprisant, menteur totalement asservi à l’ultra libéralisme qui caractérise les politiques d’aujourd’hui participe de la transformation de l’École.
2019, malgré une importante mobilisation des personnels de l’éducation, a été l’année de la mise en place violente et non concertée des contre-réformes du 1er degré, du baccalauréat général et la deuxième couche libérale des contre-réforme du Bac Professionnel. Mais aussi l’année de la mise en place de la loi de transformation de la Fonction Publique dont l’une des incidences importantes signe la fin de la représentativité syndicale dont nous mesurerons définitivement l’impact après les élections professionnelles de 2022.
Blanquer c’est faire plus avec moins tout en disant le contraire.
Les contre-réformes continuent et ces derniers jours, la loi Rilhac qui consiste à instaurer une autorité fonctionnelle au directeur·rices d’école fait son chemin entre l’assemblée et le sénat. Elle a déjà subi des transformations par amendement qui vont déjà bien au-delà de son projet initial. La droite libérale s’est fait plaisir à l’assemblée. Cette loi doit être appréciée à la lueur du discours de Macron à Marseille et nous permettre d’apprécier le modèle d’École qui se dessine progressivement et que porte notre sinistre. Recrutement des enseignants sur projet, rémunération associée au projet, fin des libertés pédagogiques, projet locaux, fin d’une ambition nationale.
Dans le second degré, s’expérimente la volonté de supprimer les REP et REP+ pour les remplacer par des écoles financées par les projets et contrats d’objectifs, on voit apparaître des financement REP et REP+ d’école privée sous contrat ou encore la multiplication des postes à profil dont le recrutement se fait par les cheffes d’établissement et corps d’inspection.
Au lycée, des pseudos concertations tentent d’imposer des nouveaux Protocol d’évaluation du baccalauréat en contrôle continu, opposable par les familles. C’est la fin d’une exigence nationale et la mise en place d’évaluation permanente des élèves comme des enseignants, transformant l’école en un lieu de compétition résonnant ainsi avec les nouvelles exigences de Parcoursup.
Tout cela sans oublier la gestion calamiteuse de la crise sanitaire dans l’éducation nationale dont Blanquer s’enorgueillit dans son dernier bouquin.
Mais aussi les délires de la chasse à l’islamo-gauchisme lancée avec son alter ego Vidal ainsi que la ridicule campagne lancée à la rentrée sur une « laïcité falsifiée » ou encore son mépris de classe vis-à-vis des familles bénéficiant de l’allocation de rentrée scolaire.
Partout, la précarité augmente, la précarité des personnels mais aussi le recrutement de contractuel·les précaire.
La maigre revalorisation récente du SMIC rend obsolète la nouvelle grille de rémunération des personnels AESH, faisant passer certain·es de ces personnels en dessous du SMIC.
Cette année dans le 06 comme dans tous les départements de France, il manque des AESH et ce sont aussi des dizaines de professeur·es des écoles contractuel·les qui ont été recruté·es à la hâte et autant de personnels qui démissionnent, une première.
Tous les personnels subissent ces transformations successives menées à un rythme effréné. La crise sanitaire et sa gestion blanquerienne qui s’y est associée participent d’un sentiment général d’épuisement et de perte de sens de notre travail.
Dans ce contexte, notre vie syndicale est bouleversée. Il nous faut aujourd’hui trouver les moyens de renouer les liens de terrain qui nous unissaient dans notre organisation et dont nous avons été éloigné·es mais aussi renouer avec les organisations et associations partenaires de nos luttes. Il nous faut trouver les ressources et les stratégies pour reconstruire un front de résistance le plus large possible à cette vague ultra-libérale et liberticide qui s’impose et sortir progressivement de l’apathie dans laquelle nous sommes plongé·es.