M, Le Recteur
Il doit être de bon ton, en cette période délicate de remercier les personnels d’éducation.
A l’instar de notre « ministre préféré » qui, après avoir dézingué le système éducatif, a matraqué ses personnels au sens propre comme figuré – manifestant ainsi son refus clair et net de tout dialogue social.
Mais nous ne sommes pas dupes, sachez-le !
En période d’opulence on casse et en période de pénurie, on brosse dans le sens du poil et on continue la casse (cf. suppression du BEP, baisse des financements promis à l’Enseignement Sup et à la recherche, etc.).
Finalement, ce qui distingue la pénurie de la casse, c’est le sens de la caresse qui les accompagne !
La technique est vieille et éculée, elle appartient à un temps que les jeunes personnels ne doivent pas connaître.
Mais pour nous, les moins frai·ches, elle a le goût de l’hypocrisie politicienne.
Hier, vous fûtes le relais de la casse par des arguments verticalisés, aujourd’hui vous êtes le relais de l’hypocrisie d’État.
Dans votre récente lettre à destination des personnels d’éducation, vous écrivez ces lignes :
« Grâce à votre professionnalisme, l’académie de Nice a été en mesure d’assurer ses missions de service public au bénéfice de tous nos élèves ».
Au bénéfice de tous nos élèves donc !
Sachez, Monsieur le Recteur, que s’il y a bien quelque chose que nous n’avons pas su faire c’est justement de répondre à toutes et tous. Sachez que d’ailleurs, la partie la plus chronophage et complexe de notre télétravail actuel a bien été justement de chercher à l’être : au contact de toutes et tous.
Le constat est sans appel et vos mots résonnent pour un certain nombre d’entre nous encore comme le déni des réalités que nous vivons et que vivent nos élèves les plus fragiles. Ils sont aussi le signe d’un oubli criant de votre part à l’égard des plus démuni·es, les laissez pour compte de la pédagogie 2.0 ! Qui sont d’ailleurs les mêmes laisser pour compte des contre-réformes Blanquer !
Vous poursuivez votre courrier par : « nous pouvons être fiers de notre École ».
Mais de quelle École parlez-vous ?
Si nous parlons de cette École décrite précédemment, incapable de sortir les classes populaires du déterminisme social dans lequel elles sont confinées, incapable d’offrir, en cette période, aux plus faibles, une prise en charge de qualité, alors NON, Monsieur le Recteur, nous ne pouvons être fier.e.s de notre école et les caresses et les recueillements de circonstance ne nous le ferons pas oublier.
Par contre, nous sommes fier.e.s de nos métiers et particulièrement quand vous nous le laissez faire sans contrainte budgétaire, morale et pédagogique.
Quant au volontariat…
En cette période de vaches maigres, il est autant le fruit d’un dévouement réel des enseiggant·es (qui a toujours existé) que la nécessité d’une revalorisation salariale qui ne voit jamais le jour autrement qu’en HSA ou en HSE !
Bref, le fumeux « travailler plus pour gagner plus » !
Alors, oui, Monsieur le Recteur, soyons attentif·ves les un·es aux autres et veillons effectivement à n’en laisser aucun·e sur le bord du chemin, comme vous l’écrivez ensuite ! Soyons aussi attentif·ves aux mots et aux choix de ces mots et ne nous gargarisons pas trop vite de la réussite supposée d’un système mis à bout de souffle par les politiques néo-libérales qui se sont succédées depuis des années et qui montrent en cette période, plus son insuffisance que sa suffisance !
Merci néanmoins de nous remercier parce qu’effectivement ça n’est que grâce aux personnels et de toutes catégories que cette école est encore presque debout.
Reposez-vous bien et continuez à prendre soin de vous et de vos proches.
Bien à vous,
La CGT Educ’Action 06