Appréciations de la Cgt-Educ’Action sur la réunion avec Castex, Veran, et Blanquer du 13 au soir
La journée de grève et de manifestation d’hier a été massive et a démontré non seulement le niveau de colère des personnels mais surtout que celle-ci dépasse largement le cadre sanitaire.
L’intersyndicale avait envoyé le matin une demande d’audience à Castex qui nous a réuni·es au MEN avec Blanquer et Véran (en visio).
Longue introduction du Premier ministre et de Véran sur la situation sanitaire, le pourquoi du protocole, Omicron… Cela ressemblait fortement à leurs habituelles conférences de presse.
Castex a également dit comprendre la fatigue et la colère ainsi que le message sur la méthode de communication.
Sauf sur les annonces « pédagogiques », à la fin, Blanquer s’est contenté de distribuer la parole.
Après ce long liminaire, les OS ont pris la parole.
Les interventions des OS ont finalement répété, sur la partie sanitaire, ce qu’elles disent depuis deux ans. La FSU, en particulier n’a pris quasiment que l’angle de la gestion de l’Éducation nationale sous Covid.
La Cgt-Educ’Action pour sa part, n’a pas rappelé nos revendications sur le sujet, seulement qu’elles sont connues et rejoignent beaucoup des demandes précédentes des OS.
Nous avons donc axé l’intervention sur une colère et des revendications globales qui ne datent pas de la crise sanitaire (qui a contribué, par professionnalisme, à leur mise de côté par les personnels pour faire tenir, seuls, le service public) : réformes qui font perdre le sens des métiers, injonctions verticales remettant en cause la liberté pédagogique, dégradation des conditions de travail due aux suppressions de postes (classes surchargées et non remplacements), absence de reconnaissance salariale de leurs qualifications et de leur investissement…
Nous avons donc revendiqué des créations massives de postes et des négociations salariales immédiates.
Dans la foulée des interventions, Castex puis Blanquer ont fait leurs annonces et ont mis fin à la réunion.
Les OS n’ont donc ni demandé des éclaircissements ni donné leur appréciation. Ce n’était donc en aucun cas une négociation.
Sur les annonces (en rouge les remarques de la Cgt-Educ’Action par rapport aux annonces) :
– Le protocole reste inchangé, donc avec les mêmes difficultés de traitement des cas positifs et contacts mais nous aurons le droit à des réunions bimensuelles avec des représentant·es de l’administration de la santé. Il semble que cela soit déclinable dans les départements. Aucun intérêt.
– Amélioration des délais entre annonces et mise en œuvre. Promesse du cabinet depuis septembre.
– Livraison de masques chirurgicaux (70 millions) qui débutera en début de semaine prochaine par l’IDF et s’étalera jusqu’à fin janvier. Rien de nouveau par rapport à l’annonce initiale de Castex « d’une distribution d’ici fin janvier ».
– Mise à disposition de FFP2 (5 millions) en maternelle et pour les AESH et possibilité pour les personnels à risque dans les autres niveaux. C’est assez flou, notamment sur les AESH et les AEd mais c’était une partie de notre revendication même si l’ensemble des personnels demandeurs ne sera sans doute pas couvert. Rappelons que la mise à disposition de FFP2 pour les personnels à risque est censée se faire depuis la rentrée 2020…
– Incitation forte des collectivités locales à puiser dans les fonds préfectoraux dédiés pour l’aération (capteurs, travaux d’aération, etc.) mais risque d’« anti constitutionnalité » à ce que l’État se substitue aux collectivités. Le fond existe depuis plusieurs mois et l’annonce de pressions sur les collectivités nous avait été faite par le cabinet le 30 décembre…
– Recrutement de 3300 contractuel·les à venir. Il s’agit du reste de ce qui était prévu (6000 dont 3000 déjà recruté·es pour la fin du 1er semestre) mais ces 3300 auraient un contrat plus long jusqu’en juillet. Ce ne sont pas des postes pérennes et ils ne seront pas renouvelés à la rentrée. Par ailleurs, la difficulté à recruter des contractuel·les va être forte vu la durée des contrats et la « bonne publicité » sur les conditions de travail avec la grève du 13. Ce n’est qu’une réponse conjoncturelle à la crise, comme l’année dernière et pas du tout à la nécessité d’un plan d’urgence pour l’École.
-1500 AED supplémentaires. Idem
-1500 vacataires administratif·ves dans les circonscriptions. Idem et sans rapport avec le fait que nous réclamons des personnels administratifs titulaires pour soulager les équipes du primaire.
– Ouverture des listes complémentaires dans le premier degré. Demande renouvelée depuis mars 2020 ! Par contre, il n’y a aucun chiffrage !
– Report des évaluations de mi-CP. Nous continuons à revendiquer leur abandon définitif. Qui plus est, vu la dégradation des conditions d’apprentissage cette année, on peut se demander l’objectif de telles évaluations si ce n’est ne pas toucher à un totem ministériel.
– Discussions ces « prochains jours et prochaines semaines » pour un éventuel report des épreuves de spécialité avec consultation du Conseil National à la Vie Lycéenne. Même si Blanquer aura du mal à maintenir les épreuves en mars, ce petit jeu est inacceptable. Les collègues et les élèves ont besoin de savoir immédiatement ce qu’il en sera pour souffler et adapter la progression dans les classes.
Globalement:
Ces annonces ne sont absolument pas à la hauteur des revendications et de la colère des personnels. Surtout il ne s’agit que d’annonces sur la gestion immédiate des conséquences de la situation épidémique dans l’Éducation.
En revanche, la réaction rapide du gouvernement et le fait de ne pas laisser le ministre en première ligne montre une grande fébrilité. Il y a une volonté de répondre très vite à la désorganisation dans les écoles et établissements afin de ne pas laisser se cristalliser une mobilisation et une colère qui dépassent largement cet aspect et remettent en cause la politique éducative de Blanquer.
Surtout, c’est une démonstration éclatante qu’une mobilisation forte, surtout dans une période pré-électorale, conduit le gouvernement à réagir, même si on ne peut pas considérer ces annonces comme de réelles avancées mais le minimum syndical devant la situation dans l’Éducation.