Activité physique de basse intensité : késaco ?
Quand je lui ai annoncé cet après-midi que nos grands bonshommes de mèche qui infléchissent et décident, avaient annoncé sur BFM (le canal de communication blanquerien qui systématiquement précède désormais les instructions officielles, exit le BOEN, tout sur BFM ! – ah oui : Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale ; BFM, je ne sais pas… Billevesées Fadaises & Mensonges ?) que nous repassions à la couleur orange, le niveau 3 sur 4 du protocole en vigueur dans les écoles, les collèges et les lycées (si ça ne vous dit rien, c’est là : https://www.education.gouv.fr/media/93137/download) et lui lisais la formule qui concerne l’éducation physique et sportive, la professeure d’EPS de l’école m’a lancé : Henri, tu sais ce que c’est, toi, l’activité physique de faible intensité ? Faible ? ou basse ? Ce doit être sensiblement kifkif…Ah ? Faible renvoie à du négatif ? Il vaut mieux dire basse ? C’est noté ! Tu seras ministre des sports, un jour !
D’ailleurs je ne suis pas professeur d’EPS, moi ! Et puis tu l’as déjà pratiquée, depuis le temps que nous jonglons avec ce(s)… fichu(s) protocole(s) !? Je conçois assez bien en quoi peut consister une activité physique sans contact (bon j’ai beaucoup pratiqué l’EPS avec mes élèves, y compris le rugby avec et sans contact, bien avant les 30APQ – la dernière géniale trouvaille de notre sinistre : 30 minutes d’activité physique quotidienne pour compenser, chez nos élèves, les effets délétères des quatre heures et onze minutes passées par jour devant les écrans – si, si ! c’est indiqué ici : https://www.clemi.fr/fr/guide-famille-v2/maitriser-le-temps-dedie-aux-ecrans-en-famille/gerer-le-temps-decran-des-enfants.html – àfaire en plus du temps dévolu à l’EPS, et donc à prendre sur l’horaire des autres disciplines dont il faudra quand même aller au bout du programme, quand bien même les élèves seront au compte-goutte à l’école : avez-vous vécu cette pure joie de l’enseignant·e qui apprend à 7 heures le matin que ses élèves ne viendront pas avant d’avoir passé un test, dont cinq se présentent quand même à l’ouverture de l’école – on appelle les parents de venir les chercher – et qui va accueillir tout au long de la journée, une à un ses élèves, 1, 2, 3, jusqu’à 10 dans la journée, vérifier l’attestation de test négatif – elle doit être datée du jour – « ah mais je l’ai envoyée par courriel au directeur, il ne vous l’a pas dit ? », ben le directeur est en classe, il y avait une enseignante absente et pas remplacée…, et les 14 autres en arrivée échelonnée pendant 7 jours, car Madame, Monsieur, des parents n’ont pas voulu faire passer de test à leur enfant et préféré le sevrer d’école, pas d’écrans, je retombe presque sur mes pieds…), mais là – revenons à nos boutons : l’activité physique de basse intensité – je séchais pour définir précisément…
(La relecture du paragraphe précédent me donne chaud ! Je vous le précise, vous comprendrez mieux un peu plus loin, quand je me serai levé pour relire une troisième fois…)
MA curiosité piquée au vif, j’ai cherché (merci google !) et voici ce que j’ai trouvé :
« Une activité physique de faible intensité correspond à moins de 3 METs. Le niveau d’effort est minime : pas d’essoufflement et pas de transpiration. »
« Faible », il est écrit « faible ». Oui mais bon, on ne va pas chipoter, on a dit.
Bon voilà MET… Nous ne sommes pas beaucoup plus avancé·es. Et puis un enfant, ça ne transpire pas tant que ça, avant une dizaine d’années. Et puis nous sommes essoufflé·es bien avant elleux, généralement… Donc ? MET, qu’y MET-on, qu’y METs-tu ? Non, pas #MeeTo ! MET, tout simplement.
MET = metabolic energy turnover
Pas plus inspirant… Je ne suis pas assez scientifique pour traduire. Moi, j’aime plutôt la poésie. « La réflexion ici menée, s’appuie sur un double postulat : si s’inscrivant dans une pratique accrue de la forme brève et du fragment, la production de formules verbales informe tout un champ de poéticité (sic) moderne, elle n’est pas dissociable d’une tentative de définition de la poésie même. Non pas simple conjonction du poétique et du métapoétique, mais poésie formulaire qui fournirait idéalement la formule de la poésie, qui serait dans le même temps une mise à plat du statut et du lieu propres de cette poésie. Recherche nécessaire d’un impossible point d’ancrage, d’une irrécouvrable origine, poursuite à chaque fois singulière, à chaque fois réitérée, d’un objet sans cesse se dérobant. » Bon, d’accord, je vous l’accorde, l’art poétique peut être abscons et ne pas toujours donner envie d’en savoir davantage… (présentation de Formules de la poésie, études sur Ponge, Leiris, Char et du Bouchet, par Philippe MET, PUF, 1999 – MET, ça ne s’invente pas ! je ne vous décourage pas d’aller lire, j’ai renoncé depuis longtemps à l’exégèse !)
« MET est une unité de mesure statistique de l’intensité physique.
1 MET est égale à l’énergie d’une personne assise sur une chaise au repos total. »
Voilà. Avec 1 on est bien inférieur à 3. C’est mathématique, imparable. Donc être « assis·e sur une chaise au repos total », c’est déjà sportif. Physique, n’exagérons rien. Même « au repos total » ? Pour totalement me reposer, je reste rarement assis sur une chaise. Toi oui ? Bref. On doit bien bruler des mini-calories, en restant assis, il faut bien que nos muscles s’activent. Sauf à s’avachir.
Bon alors, tu as de vrais exemples ?
Ça vient, ne soyons pas trop pressé·es !
« Exemple d’activités physiques d’intensité légère : la marche d’un pas lent (<4 km/h), le jardinage, le billard, promener son chien, conduire sa voiture, s’habiller ou encore manger. »
Ce n’est pas du flan, hein ! C’est écrit ici : https://www.regivia.com/comment-maigrir-conseils-solutions-trucs-et-astuces/information/quest-ce-que-la-valeur-met-metabolic-equivalent-of-task-ou-equivalent-metabolique/
Alors ce n’est pas ça qui va faire perdre du poids à nos élèves… Sauf à pratiquer de façon extensive l’activité physique à basse intensité(appelons là APBI, ça fait toujours plus sérieux d’utiliser un sigle…). Toute la journée. Toute la semaine.
Le billard !!! C’est le seul exemple qui ressemble à un sport. Comment ? Promener son chien ? Pfff… Quelle école a un billard ? Et puis il faut respecter la distanciation, n’est-il pas ? J’imagine les deux élèves autour du billard, les 22 autres en train de marcher sur place d’un pas lent mais assuré, tout autour du préau. Arthur et Adama, à votre tour ! Non, sans courir ! Naomie, ton masque ! Gaspard et Fanta, vous êtes trop collé·es ! Par les portes du préau ouvertes en grand (Stephan, ne reste pas devant la porte en teeshirt, il fait froid, tu vas tomber malade !), la classe de la collègue s’affaire autour des trois bacs que j’ai fait placer pour verdir un peu la petite cour bitumée. Enfin, la demi-classe, car les autres sont en train de s’animer en courant autour de la cour. La maitresse les a « à titre exceptionnel » et à condition de ne pas s’approcher à moins de deux mètres les unes des autres, à retirer leur masque pendant la course d’endurance. Non, pas dans le cou, ce n’est pas recommandé par la Maitresse D Zécoles (elle l’illustre là : https://data.over-blog-kiwi.com/1/17/28/84/20201101/ob_a2944b_mdz-comment-porter-le-masque-affich.pdf) !!!
Mais je m’égare. Comme ça ne me satisfaisait pas complètement, j’ai continué à chercher…
Et là, ne riez pas !!! Dans les APBI, on trouve… la lecture debout ! Si ! La preuve : https://has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-09/classification_intensites_des_activites_physiques_et_dendurance.pdf
Donc désormais, il faut faire lire nos élèves debout !!! Le « chut, on lit ! » devient activité sportive ! Pour les non-initié·es, dans notre école, nous appelons « chut on lit » ce moment intense appelé officiellement « quart d’heure de lecture quotidienne » pendant lequel, au tout début de l’après-midi, on effectue une transition douce entre le temps de l’interclasse, ses conflits non résolus, ses excitations sur fond d’Aya Nakamura ou Adèle et leur vocabulaire choisi et pas si fleuri que cela (pour les filles), ses matches de foot endiablés (qui colonisent la cour et excluent presque toujours les filles), et le temps scolaire : pendant 15-20 minutes, de 13h20 à 13h40, enfants et adultes prennent un livre et profitent d’un moment ressourçant pendant lequel l’école parait endormie… Jusque là, nous autorisions les enfants à choisir leur pose et leur lieu, dans la classe, dans le couloir ou l’escalier, pour lire tranquille. À partir de maintenant, je vais donner pour consigne de lire debout !!! Parce que c’est bon pour la santé !!!
Et puis cela permet de jumeler les 30APQ (vous vous souvenez ?) et la lecture ; comme, à l’école, on court (trop) souvent après le temps, c’est tout bénéfice !
Ah, quoi ? Monter les escaliers (en intérieur, forcément), ce n’est pas si soft ? Ça dépasserait les 30 METs ? Qu’à cela ne tienne, j’envoie dès demain un courriel à Anne (pas ma sœur !), et lui demande quelques radars : réglés sur 4 km/h, vitesse maximale autorisée, il va y avoir de quoi alimenter la coop, je vous le dis, surtout dans les descentes !
Et qui a dit que l’école ne se souciait pas suffisamment de culture ? Moi ? « Il semble que l’activité des spectateurs puisse être considérer(promis, ce n’est pas moi !) comme une activité physique de basse intensité (pas sur le plan intellectuel ou émotionnel, bien sûr). » (source : http://intra.ac-limoges.fr/IMG/pdf/G-_FAQ_BAJ_Covid-19_maj_9_juin_2021.pdf) Mais voilà ! On fait venir une troupe de théâtre dans le gymnase, les enfants restent debout pendant le spectacle, espacé·es de deux mètres, tapent dans leurs mains – oui, c’est ça, applaudissent !
Nous avons tout compris ! Vivent les APBI !
HB