Abrogation de la réforme des retraites par le RN : un leurre et une tartuferie pour la CGT
Le Rassemblement national a annoncé son intention de défendre un texte abrogeant la réforme des retraites lors d’une journée réservée à ses propositions de loi, appelée « niche » parlementaire, le 31 octobre. Le 18 septembre, il obtenait le feu vert à l’examen de son texte à l’Assemblée grâce aux élus Nouveau Front populaire (NFP) qui se sont prononcés sur sa recevabilité financière. Le RN propose un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans avec 42 annuités de cotisation. Favorable, elle aussi, à l’abrogation, la CGT, suivie par le NFP, revendique un départ à 60 ans. La démarche du RN suscite le malaise. A gauche, certains dénoncent un piège tendu par le RN car, en votant ce texte, ils se retrouveraient, de fait, associés à l’extrême droite.
Trouver une majorité au Parlement
« Obtenir l’abrogation de la réforme des retraites dont 80 % des Français ne veulent pas est une priorité, pose Denis Gravouil, secrétaire confédéral CGT. Il faudra trouver une majorité au Parlement pour cela car on sait bien que Michel Barnier, le nouveau chef du gouvernement, a précisément été choisi pour que cette réforme soit maintenue. » Il y aurait pour cela deux options possibles. Ou bien à travers un amendement des groupes de gauche au projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) qui sera débattu à l’Assemblée. Ou bien, à travers une proposition de projet de loi (PPL) présentée par un groupe parlementaire, mais avec la difficulté d’un calendrier fait de telle sorte que le premier à passer sera le RN, devant La France insoumise (LFI), qui a précisé qu’elle mettra cette abrogation à l’ordre du jour de sa niche, en novembre. Voilà pour la forme.
Car sur le fond, point d’hésitation. « Nous n’avons aucune intention de laisser une quelconque victoire au RN sur ce sujet-là, précise l’élu CGT. Ce sont des imposteurs : Jordan Bardella (président du RN, NDLR) n’a pas cessé de changer de position sur le sujet durant sa campagne. Il se disait d’abord contre cette réforme tout en se dédisant à mesure qu’il se rapprochait du pouvoir et qu’il fallait rassurer le patronat quant aux coûts de celle-ci. C’est une posture sociale qui s’efface vite. » Le ton est donné : aucune confiance. La démarche du RN est vue comme une manœuvre qui suscite une certaine colère dans les rangs de la centrale. « Ils veulent donner l’impression qu’ils sont présents sur ce sujet-là mais c’est un leurre : ils ont beau dégainer avant un groupe de gauche, ils savent très bien que leur PPL n’ira pas loin puisqu’ils n’ont pas de groupe parlementaire pour la porter au Sénat ». En attendant, le RN aura tenté un coup de communication pour vernir son image d’une couche sociale. « Le RN va accuser les autres partis de gauche de ne pas voter sa PPL et faire sa communication là-dessus, relève Denis Gravouil. Charge à nous de décrypter leur tartuferie et d’expliquer que la PPL du RN est une impasse parlementaire qui vise au contraire à enterrer l’abrogation de la réforme des retraites. » Une chose est sûre : si ceux qui se sont tant battus contre cette réforme ne votent pas pour son abrogation, le RN ne se privera pas de crier, lui aussi, à l’imposture…