AESH : 2021 commence en septembre
Vous ne lisez pas la propagande du Ministre Blanquer ? Vous avez tort. Le numéro #43 d’info@professeurs (oui, il y a un dièse, ça fait branché, mais ça rappelle aussi que c’est du pipeau) vous aurait éclairé au moins sur l’entourloupe du budget 2021, présentée fièrement comme une avancée :
« À la rentrée scolaire 2021, le renforcement des moyens dédiés à l’accompagnement des élèves en situation de handicap se concrétise avec 4 000 ETP d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires déployés dans les académies. »
Oui, vous avez bien lu : « à la rentrée scolaire 2021 ». Oui, vous avez bien traduit : « en septembre ». Alors le petit Anthony qui depuis quatre mois reste à la maison parce que tout le monde s’accorde pour dire que l’école sans AESH est impossible; la petite Antoinette qui ne fréquente que quelques heures par semaine ; le petit Anton qui bénéficie pleinement de l’école inclusive à l’exclusion de ses camarades dont vous n’arrivez plus à vous occuper… eh bien! tout ce petit monde attendra. Il y a quelques chances qu’ils soient pourvus à la rentrée prochaine… au détriment des nouveaux notifiés. Car 4000 Équivalents Temps Plein, c’est peau de chagrin. Sur ces 4000 ETP, si les Alpes-Maritimes s’étaient vues généreusement dotées, disons : de 80, ils auraient peut-être permis de combler les besoins de 250 élèves, sans compter les remplacements de congés maladie, particulièrement nombreux en 2020. Or plus de 400 élèves sont en attente à ce jour :« un petit passage difficile », dixit notre administration. Et d’ici septembre, la MDPH aura continué de notifier : chaque année, le nombre d’élèves augmente d’environ 10%.
Heureusement, nos ministres pensent à tout : les MDPH sont mobilisées pour notifier des AESH mutualisé·es plutôt qu’individuel·les; les DASEN réunissent les ERSH dans l’espoir qu’ils/elles en fassent la promotion auprès des familles; les coordonnatrices AVS sont sommées d’augmenter le nombre d’élèves suivis par chaque AESH mutualisé·e. Et pour la rentrée 2021 se profile la généralisation des PIAL qui permettra au DASEN de se décharger complètement de cette carence institutionnelle : « Voyez avec votre PIAL : c’est la structure locale qui s’adapte au plus près des besoins des usagers, slurp! »
Il faut dire que les Alpes-Maritimes sont en retard par rapport aux objectifs nationaux : seulement 47% d’AESH mutualisé·es alors que la dotation par département est calculée sur un quota de 80%. Cet aveu involontaire du DASEN lors de la réunion des ERSH le 7 décembre dernier confirme bien l’objectif de cette transmutation des « i » en « m » : juguler l’inflation des AESH. Le discours lénifiant sur la souplesse de cette forme nouvelle d’accompagnement est en décalage complet avec ce qui s’observe sur le terrain : autant les 24 heures d’un·e AESH peuvent utilement se distribuer entre deux ou trois élèves, autant à partir de quatre élèves ça n’a plus de sens. Et que dire si cinq, six, sept élèves doivent se les disputer!? Une fois de plus, en radinant sur les moyens à mettre en œuvre, notre administration galvaude une réforme qui n’est pas sans intérêt.
Rappelons que pour la CGT Educ’Action 06, cet accompagnement non spécialisé devrait relever non de la compensation mais de l’accessibilité : des moyens à disposition des équipes pédagogiques pour venir en aide aux élèves en fonction de leurs difficultés, sans que la notion de handicap entre en ligne de compte. Ceci supposerait une campagne de recrutement massif et une formation professionnalisante. Mais aussi, parallèlement, le renforcement de l’accompagnement spécialisé des SESSAD. Si « l’école inclusive » veut être autre chose qu’un slogan bien pensant, il faut y mettre le paquet.
Le DASEN sollicite les ERSH pour la mise en route des PIAL, et ce alors qu’ils/elles ont d’année en année toujours plus d’élèves dans leurs secteurs. La CGT Educ’Action interviendra une nouvelle fois en carte scolaire en faveur des créations de postes nécessaires, sur la base d’un maximum de 200 élèves par enseignant·e référent·e.